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USEP (Union sportive du 1er degré) : vers des élections "compliquées" (J-M Sautreau)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 23 février 2016.

L'USEP, l'union sportive du premier degré, renouvellera ses instances nationales les 16 et 17 avril. Pour Jean-Michel Sautreau son président, candidat pour un nouveau mandat d’administrateur national, ces élections "se présentent comme compliquées", dit-il à ToutEduc, mais pour des raisons très différentes de celles qui, en 2012 à Blois, avaient été marquées par un conflit lié aux relations avec La Ligue de l'enseignement. Entretemps, un accord-cadre a été signé, ce qui a permis "de retrouver calme et sérénité".

ToutEduc : Avant de préciser en quoi ces élections "se présentent comme compliquées", pouvez-vous nous dire en quoi elles sont différentes de celles de 2012 ?

Jean-Michel Sautreau : L'an dernier à Caen, l’AG a émis un vote historique en adoptant le principe de la parité totale, pour le comité directeur national, pour les instances régionales et départementales, et pour les collèges enfants des associations d’école USEP, qui devront élire autant de filles que de garçons, ce qui n'est pas un changement mineur, loin s’en faut. Pour nos instances nationales, nous aurons un Comité directeur composé de 12 femmes et de 12 hommes. Nous comptons actuellement 17 candidates et 19 candidats. Ce sera un scrutin uninominal à deux tours, et non un scrutin de listes, les représentants des comités départementaux ayant autant de voix que le département compte d'enfants et d’adultes licenciés. Chaque candidat-e devra donc publier sa profession de foi. Mais il apparaît déjà que deux tendances se font jour dans un comité directeur désuni face aux difficultés à prendre en compte et à résoudre. Une de ces deux tendances veut se présenter comme étant à dominante pédagogique, soucieuse d'améliorer la place faite à l'enfant, et l'autre tendance comme plus structurelle, ces deux tendances pouvant d’ailleurs être lues comme complémentaires tout en marquant une priorisation différente. Pour une majorité de l’actuel Comité directeur national, dont je fais partie, il apparaît que si l’on veut assurer le développement de l’USEP à moyen et long terme, tout en mettant systématiquement l’Enfant au centre de toute problématique, c’est bien en agissant prioritairement sur la structure , à tous niveaux, que l’on crée les conditions de ce développement, quitte à "bousculer" quelques habitudes même bien ancrées dans notre fonctionnement.

ToutEduc : il y a donc un problème de structure ?

Jean-Michel Sautreau : En effet. On peut toujours faire mieux en termes de pédagogie mais il y a plus urgent me semble-t-il. Dans le cadre des nouveaux horaires, l’EPS serait descendue en temps à 1h 50, ce qui nous semble insuffisant. De plus, ce qui se faisait en termes de rencontres sportives souvent en 3 heures (1/2 journée) a plus de mal à se vivre en 2 heures.

ToutEduc : Mais vous avez le temps des "nouvelles activités"...

Jean-Michel Sautreau : Au fil des années, nous sommes de plus en plus sur le temps scolaire, et de moins en moins sur le périscolaire, et nous n’avons su ou pas pu suffisamment nous rapprocher des nouveaux acteurs, notamment des collectivités territoriales. Sur le terrain, il parait difficile de répondre à la demande lorsque les PEDT, les projets éducatifs de territoire, se sont discutés. Nous devons aussi diversifier notre offre, trop souvent limitée à l'organisation de rencontres sportives inter-écoles. Or le nombre des communes va en diminuant, de plus en plus d'écoles sont gérées par des intercommunalités qui peuvent les mettre en place sans nous.

Parmi ces nouveaux acteurs figure aussi le mouvement sportif. Le CNOSF (le comité national olympique et sportif français) a déclaré vouloir investir ces temps périscolaires. Nous devons décliner sur le terrain les conventions de partenariat que nous avons passées, au niveau national, avec bon nombre de fédérations. C'est davantage d'activités pour nos enfants, c'est autant d'occasions pour nos membres et pour les leurs de se former mutuellement, mais dans le cadre de projets concertés et cohérents. Il s'agit d'une école ouverte sur le monde, mais pas ouverte "aux courants d'air", pas soumise à des structures qui sont dans une autre logique que celle de l'école laïque.

ToutEduc : Votre projet de développement ne s'inscrit-il pas dans un contexte de régression ?

Jean-Michel Sautreau : En effet, nous perdons des adhérents, et notre exercice 2015 est trop déficitaire. Notre budget 2016 doit donc être forcément en baisse. Or nos structures doivent se réorganiser en fonction de la nouvelle carte des régions. Ainsi, le projet de budget 2016 prévoit une enveloppe de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour les y aider, somme qui devra selon moi être reconduite et augmentée sur la mandature en fonction des projets développés sur les territoires pour mieux se structurer. De plus, notre subvention CPO devrait baisser de 10 %, soit 50 000 €. Il faut, dans le même temps, que nous fassions l’effort de développer notre communication. Le projet de budget 2016, voté par une majorité de l’actuel CD national, prévoit de ne pas toucher aux 710 000 € qui vont aux départements et régions sous des formes diverses (contrats, actions, productions, …). Restent donc les frais divers, et surtout, la masse salariale de la structure nationale, qui représente actuellement 1/3 du budget national, environ pour 8 ETP (10 personnes). Il apparaît désormais incontournable de devoir la réduire à compter du mois de septembre.

ToutEduc : Comment redonner un élan aux enseignants du premier degré qui constituent la base militante de l'USEP ?

Jean-Michel Sautreau : Et comment conquérir d'autres terrains ? Nous ne sommes présents que dans 1/3 des écoles publiques. A nous de convaincre l'Education nationale que nous devons être consultés au même titre que l'est l'UNSS (l'union sportive du second degré, ndlr) dès qu’il est question de sport scolaire dans les écoles publiques et établissements du second degré de notre pays. Ainsi, il serait important que le MEN décrète que l'USEP puisse travailler, dans chaque bassin d'écoles (zone de collège) à l'élaboration d'un projet sportif scolaire, ne serait-ce qu’avec le prétexte du nouveau cycle 3. A cheval sur les premier et second degrés, les professeurs des écoles pourront ainsi collaborer avec leurs collègues professeurs d'EPS. Cette reconnaissance de l’Education Nationale envers l’engagement des militant-e-s de l’USEP bénéficiera aux Enfants et au développement du sport scolaire en général selon des formes à trouver en concertation étroite entre MEN et USEP.

A noter que la ministre de l'Education nationale vient d'opposer un refus à la demande de l'USEP, rapporte le site Localtis (Caisse des dépôts). Najat Vallaud-Belkacem répondait à une question écrite, posée par le député Yves Daniel qui déplorait que la participation de l'Usep aux nouveaux temps périscolaires sportifs "s'avère faible" et il proposait d'ouvrir la possibilité pour les enseignants volontaires de "s'engager plus dans les activités périscolaires en les déchargeant d'un nombre d'heures équivalentes". La réponse est claire: "le temps de service des enseignants du premier degré ne prévoit pas un temps réservé à l'animation du sport scolaire, comme c'est le cas pour les enseignants d'éducation physique du second degré (...) Une modification en ce sens du statut des professeurs des écoles n'est pas à l'ordre du jour" (le site Localtis ici)

Propos recueillis par P. Bouchard et relus par J-M Sautreau

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