Citoyenneté : l'école est l'un des lieux privilégiés de son apprentissage selon un sondage CNESCO - CASDEN
Paru dans Scolaire le mardi 16 février 2016.
Être citoyen s’apprend principalement au sein de la famille mais aussi à l'école : tel est l'un des enseignements d'un sondage réalisé par l'institut BVA à la demande du CNESCO (Conseil national d'évaluation du système scolaire) et de la CASDEN (banque coopérative de la Fonction publique), dont les résultats ont été rendus publics le 1er février 2016. Sur le panel des 1 386 personnes de 18 ans et plus interrogées en octobre 2015, ils sont en effet 65 % à penser que le fait d'être citoyen s'apprend principalement au sein de la famille mais aussi à l'école pour un peu plus de 20 % d'entre eux. Si ce dernier chiffre semble faible, il ne reflète pas la différence de perception entre les plus jeunes et les plus âgés. Les premiers semblent en effet "bien plus enclins que leurs aînés à choisir l’école en tant qu’environnement jouant un rôle important dans l’apprentissage à la citoyenneté" puisque près de la moitié des 18-24 ans (46 %) ont fait ce choix, alors que chez les 65 ans et plus, ils sont 74 % à pencher pour le cadre familial.
Les résultats concernant les thématiques qui leur semblent importantes pour former à la citoyenneté font par ailleurs écho à l'actualité puisqu'ils mettent davantage l'accent sur l'apprentissage des valeurs (droits de l’homme et de l’enfant, égalité filles/garçons, les principes de laïcité, etc.) que sur celui des institutions politiques et juridiques. Ce qui explique certainement que le cours classique d’éducation civique soit "plébiscité" (93 %) alors que les sondés voient peu d'intérêt à l'apprentissage aux usages des médias (ils sont 25 % et seulement 15 % lorsqu'il s'agit des usages des réseaux sociaux).
Partisans d'une pédagogie plus active qui a fait ses preuves dans les pays anglo-saxons
Concernant la forme à privilégier pour cet apprentissage, le sondage fait ressortir une attente importante en terme de "pédagogies plus actives" (93 % veulent une "participation des élèves à la vie collective et à l’organisation de la classe" et 91 % une "organisation de débats civiques en classe"). Des attentes à mettre en lien "avec les résultats d'un champ de recherche dans les pays anglo-saxons, qui a révélé leur efficacité pour la socialisation politique des jeunes citoyens", selon Nathalie Mons, la présidente du CNESCO. Car ces recherches montrent "que ce sont les participations des jeunes à des projets et à des débats citoyens dans leur école qui, plus que le suivi de cours traditionnels d'éducation civique, sont en lien positivement avec les indicateurs d'attitude, de connaissance et d'engagement civique et politique des plus jeunes (participation associative, participation électorale, croyance dans les institutions, tolérance pour l'altérité…)".
Enfin, notons que 88 % souhaitent privilégier "l'écoute de témoignages de personnes extérieures". La réserve citoyenne, mise en place par le ministère de l’Éducation nationale en mai 2015, pourrait constituer un outil pour aller dans ce sens.
L'étude met par ailleurs en lumière la méconnaissance chez les jeunes de leur rôle en tant que citoyen. Seulement un peu plus de 20 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans pensent connaître leur rôle de citoyen. Et si l'on se penche sur l'ensemble du panel, ce sont 9 Français sur 10 qui estiment que les jeunes n'ont pas suffisamment connaissance de leur rôle en tant que citoyen. Nathalie Mons analyse ce "jugement négatif", qui peut paraître paradoxal alors que le nombre d'heures d'enseignement consacré à l'enseignement civique en France "est l'un des plus importants d’Europe", "par le fait qu'au-delà de cet important investissement éducatif théorique dans l'enseignement civique, l'apprentissage de la citoyenneté en France révèle de nombreuses lacunes."
Les principaux résultats du sondage ici
Camille Pons