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Grève du 26 janvier : les raisons de la colère (intersyndicale)

Paru dans Scolaire le jeudi 21 janvier 2016.

"Absence de dialogue et mépris de la ministre", "amateurisme", "présupposés idéologiques", "technocratique", "changements profonds de la nature du métier", "insultes". L'intersyndicale opposée à la réforme du collège présentait à la presse, ce 21 janvier, les raisons de la grève à laquelle elle appelle le mardi 26 janvier. Ce qui accompagne le réforme est au moins aussi déterminant que la réforme elle-même. Il sera en effet "possible de labelliser autrement ce qui existe déjà", estime Frédérique Rolet (SNES-FSU) citant un inspecteur. La section de Montpellier du SNPDEN (le syndicat UNSA des personnels de direction) fait remarquer qu'au vu des textes, "aucune forme d'organisation n'est à exclure". François Portzer (SNALC-FGAF) ajoute que la réforme "se noiera dans les sables" du fait "de l'inertie du système". Ses effets seront donc, reconnaissent à mi-mots les syndicalistes, relativement faibles.

Interrogé donc sur ce qui motive la colère que les représentants syndicaux affirment voir monter sur le terrain, y compris dans l'enseignement privé, Jacques Paris (SNLC-FO) résume : la réduction des horaires disciplinaires sur lesquels sont pris l'accompagnement personnalisé et les enseignements interdisciplinaires, l'autonomie des établissements "qui accroîtra les inégalités", la fin des programmes d'enseignement annuels (ils sont organisés par cycles de 3 ans, ndlr), les nouvelles modalités d'évaluation et la réforme du brevet (les textes sont d'ailleurs publiés ce jeudi au BO, ici, ndlr), la fin des sections européennes et des classes bilangues, les pertes d'heures dans le privé, mais c'est "surtout" le caractère autoritaire de la réforme qui est dénoné. "Nous avons demandé à être reçus, nous ne demandions pas à la ministre d'être d'accord avec nous, mais de la voir. Elle nous l'a refusé." Et plusieurs syndicats de renchérir. F. Portzer parle d' "un mépris qui ne s'est jamais vu", Jean-Denis Merle (SNCL-SIES- FAEN) d'une attitude qui "n'est pas digne d'un ministre de la République".

Le mépris, le bazar, et l'ennui

Outre le mépris du Gouvernement, qui a publié les textes relatifs à la réforme, le lendemain de la grève et de la manifestation du 19 mai, et le "bazar" qu'elle va provoquer dans de nombreux établissements, la représentante du SUNDEP (SUD enseignement privé) estime qu'elle va de plus "changer son métier", faire d'elle "une animatrice", et non plus une enseignante chargée de transmettre des connaissances. Pour Jean-Denis Merle, l'une des justifications données à la réforme est que "les élèves s'ennuient", ce qu'il voit comme "une remise en cause du travail des enseignants", une insulte.

Les syndicalistes font également état des retours des enseignants qui sont allés en formation, et qui parlent d'inspecteurs incapables de répondre à leurs questions, ou d'un dialogue de sourds qui s'instaure "dès la projection de la première diapositive", formés et formateur en sortant "écoeurés".

Une gestion "surréaliste" des classes bilangues

La gestion du dossier des langues vivantes amène les représentants des enseignants à parler de "bricolage" et de "panique". Est en effet prévu le maintien des sections bilangues dès la 6ème quand il s'agit d'assurer la continuité avec l'enseignement d'une autre langue que l'anglais à l'école primaire. Mais dans certaines académies, les recteurs feraient du forcing pour installer cet enseignement et maintenir donc le maximum de classes bilangues, et lorsqu'ils n'y arrivent pas, ils peuvent "anticiper sur la continuité" et maintenir une section bilangue alors que l'enseignement correspondant n'existe pas, ou pas encore, dans l'école élémentaire située en amont. A Paris, un enseignement de chinois a été créé dans une école en cours d'année pour sauver une section bilangue... "C'est surréaliste", estime Frédérique Rolet. Le résultat serait très disparate selon les académies. Alors que, selon Le Monde daté de demain 22 janvier, Paris devrait conserver toutes ses sections bilangues, l'académie de Lille n'en garderait que 32 sur 230...

Interrogés sur la difficulté de lire les chiffres de la grève alors que trois confédération (CGT, FO et SUD) appellent ce même jour les personnels des trois fonctions publiques à la grève pour d'autres raisons, les responsables syndicaux évoquent une addition des motifs de mécontentement. Symboliquement, à Paris, le cortège "anti-réforme" partira de Port-Royal tandis que la manifestation "fonctions publiques" partira de Montparnasse, avant que les deux cortèges convergent. Et les enseignants verront, le lendemain jour de versement des salaires, -0,4 % au bas de leur bulletin de paie.

La Guadeloupe à compter du 25

A noter par ailleurs que l'intersyndicale de l'éducation en Guadeloupe (FSU, UNSA, FAEN, FO, CGT, SPEC- Syndicat des personnel de l'éducation en Guadeloupe) dépose un préavis de grève reconductible à partir du lundi 25 janvier. "Le ministère de l'Éducation nationale n'a accordé aucun moyen supplémentaire à l'académie et n'est pas revenu sur les 35 suppressions de postes annoncées" dans le second degré, indique le site France-Antilles (ici). Elle réclame "la venue immédiate d'une délégation ministérielle mandatée pour constater les besoins réels de notre académie".

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