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"Aujourd’hui ce ne sont pas les religions qui sont fortes, mais la République qui est faible" (J-P Rosenczveig, Journal du droit des Jeunes)

Paru dans Périscolaire, Justice le mercredi 20 janvier 2016.

"Il est plus que jamais évident – en regrettant qu’il ait fallu attendre les événements tragiques de janvier sinon de novembre – que la République sonne creux aux oreilles de nombre de nos contemporains, surtout les plus jeunes." C’est par cette phrase que débute "Parler la République, mais pas seulement !", l’éditorial de Jean-Pierre Rosenczveig du numéro 349 de la revue Journal du Droit des Jeunes (ici). Et, selon l’auteur, la laïcité instaurée après d’âpres combats en 1905 est vécue comme de l’ostracisme envers les religions, sinon contre la religion musulmane quand, au contraire, elle a été consacrée pour en finir avec les guerres de religions, offrir une société apaisée et permettre à chacun de vivre sa foi ou son agnosticisme.

La séparation du temporel et du spirituel, poursuit Jean-Pierre Rosenczveig, est un acquis essentiel sur lequel nous ne devons pas céder un pouce, même s’il faut passer des compromis. Or, pour l’auteur, les mots liberté – égalité – fraternité paraissent vides quand les injustices et le sentiment d’injustice se développent et qu’aucune perspective réaliste d’amélioration ne se présente pour ceux qui s’estiment être privés de l’essentiel, voire se sentent humiliés.

Dans ce contexte, une meilleure répartition des richesses et des chances s’impose et il reste à être crédibles : "il y a encore une inégalité des chances selon les origines sociales pour l’accès aux formations supérieures ou à certains emplois." Plus que jamais, insiste Jean-Pierre Rosenczveig, nous devons être vigilants à l’égard de ceux qui ont sentiment que le cadre offert par la religion leur est nécessaire, faute d’avoir été protégés par leur famille ou la société. Si ces jeunes basculent, c’est bien qu’ils ne se sentent plus protégés par la loi française et les institutions.

L’éditorialiste fournit aussi ce qu’il nomme "quatre explications majeures complémentaires".

– D’abord nous nous sommes assoupis sur les grands principes fondateurs de la République. Ne vont-ils pas de soi ? Ne sont-ils pas supérieurs à ce qui se joue sous d’autres cieux ? Un endormissement coupable !

– Ensuite en laissant se creuser un fossé entre ces principes et ce que nous avions parfois constaté.

– Sur fond de crise économique, nous n’offrons pas d’espoir à ceux qui vivent difficilement. L’ascenseur social est en panne pour une partie de la jeunesse de France.

– Nous n’offrons pas spécialement aux jeunes un projet collectif dans lequel ils trouveront leur place. Or, quel projet mobilisateur avons-nous en commun ?

Pour lui, il nous faut revisiter l’histoire et réexpliquer comment on en est arrivé à ces grands principes dont on nous accuse de nous gargariser. Il faut redonner du sens aux acquis et aux victoires remportées. Et Jean-Pierre Rosenczveig renforce ce propos en affirmant qu’il faut parler de la République pour la refonder et la relégitimer, mais en assumant ses contradictions, en donnant de l’espoir, bref "en évitant de rompre le lien qui nous unit encore".

"Aujourd’hui ce ne sont pas les religions qui sont fortes, mais la République qui est faible" conclut-il.

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