Archives » Recherches et publications

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

"Laïcité, école et religions" : comment donner vie aux valeurs de la République (Revue de l’AFAE)

Paru dans Scolaire le mardi 19 janvier 2016.

"Si demain quelqu’un décide que les trois valeurs Liberté, Egalité, Fraternité ne vont pas ensemble et qu’il faudrait en rajouter une quatrième, on devrait pouvoir le faire. Ces valeurs ne devraient pas être les seules choses, une base inerte, sur lesquelles on devrait toujours se fonder, parce que sinon il n’y a pas d’évolution." Cette remarque, c’est celle de Lhemba, l’une des élèves de terminale qui ont participé à la table ronde sur l’école et les valeurs de la République dont les principaux extraits introduisent le nouveau numéro de la revue de l’Association française des acteurs de l’éducation (AFAE).

Intitulé "Laïcité, école et religions", ce numéro rassemble des contributions qui s’organisent autour de deux pôles. Il s’agit d’abord de s’interroger sur ce que signifie, aujourd’hui, la référence à la laïcité et aux valeurs républicaines et ensuite de réfléchir sur la place du religieux dans une école laïque. Il préfigure le colloque annuel de l’AFAE qui aura lieu les 18,19 et 20 mars 2016 à Nîmes et aura pour thème : "Laïcité, intégration, éducation : la République et son école."

Emblème de l'impossible

En écho à l’opinion de Lhemba, Gérald Chaix, ancien recteur de l’académie de Nantes, cite Mona Ozouf, directrice de recherche au CNRS, qui, dans son ouvrage "De Révolution en République", publié en 2015, à propos des valeurs de la République, écrit : "Des valeurs, historiquement datées et analysées qui n’ont pas perdu leur actualité pour peu qu’on leur restitue leur caractère programmatique : c’est comme emblème de l’impossible et non comme traduction du réel que ‘la sainte devise de nos pères’ peut manifester encore son énergie créatrice, et qu’elle a des chances de vivre dans nos mémoires autrement que par la psalmodie de trois termes exténués".

 

Quel est l’objectif de la Charte de la laïcité ? Peut-on enseigner les valeurs républicaines ? Quelle place leur a-t-on donné dans les programmes scolaires ? Qu’est-ce un enseignement moral et civique pour la démocratie ? Quels rapports les religions entretiennent avec la laïcité ? Quelle éducation au fait religieux dans l’école de la République ? Au-delà des débats franco-français, Jean-Paul Willaime, directeur d’études émérite à l’Institut européen en sciences des religions, s’intéresse à l’enseignement relatif aux religions en Europe : "Globalement, si je mets de côté la France, on distingue deux grands cas de figure dans la façon dont les écoles publiques intègrent un enseignement à propos des religions : un enseignement confessionnel ou un enseignement non confessionnel des religions". Une distinction soumise à de récentes évolutions : "la pluralisation des enseignements confessionnels et la déconfessionnalisation de ces enseignements".

La religiosité et le politique

Pour Jean-Paul Willaime, ces enseignements "évoluent sous une double contrainte : sociologique avec la pluralisation religieuse et philosophique des sociétés européennes qui oblige à élargir l’offre à d’autres conceptions religieuses et non religieuses, juridique avec l’importance, dans les textes juridiques internationaux, en particulier la Convention européenne des droits de l’homme, du principe de non-discrimination pour raisons religieuses ou philosophiques". Quant à la "déconfessionnalisation", elle est d’autant plus évidente "si le défi éducatif des sociétés européennes est de plus en plus formulé en termes de comment vivre ensemble".

Autre contribution éclairante sur la laïcité, Christian Galan, professeur des universités et spécialiste du Japon, s’interroge sur l’éducation scolaire et la laïcité au Japon et surtout sur les évolutions actuelles. Même si le mot laïcité n’a pas d’équivalent en japonais, la constitution nipponne de 1947 sépare nettement l’Etat et les religions. Néanmoins, l’arrivée au pouvoir du premier ministre néoconservateur Abe Shinzô semble modifier la donne. "Ce dernier, toujours au pouvoir aujourd’hui, ne cesse ainsi de reprocher aux jeunes générations, leur manque d’éthique et leur absence de valeurs morales. Pour lui, toutefois, l’éthique ou la morale qui font défaut aux jeunes Japonais ne sont pas celles véhiculées par les idées humanistes et progressistes d’après-guerre mais celles de l’homo japonicus et dont les valeurs du shintô font bien sûr partie". Ce retour de la religiosité semblant motivé "par le souci d’utiliser politiquement et idéologiquement la religion shintô comme un outil de reprise en main ou de renforcement du contrôle de la société".

"Laïcité, école et religions", Revue de l’AFAE, n°148, décembre 2015

 

 

 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →