Le design peut-il être une chance pour l'école et la pédagogie ? (inspections générales)
Paru dans Scolaire, Culture, Orientation le dimanche 17 janvier 2016.
"Mettre au cœur de la démarche interdisciplinaire, des méthodologies propres à la démarche design", c'est l'une des préconisations des deux inspections générales de l'Education nationale (IGEN et IGAENR) qui porte sur "Design et métiers d'art". Leur rapport s'intéresse surtout à l'enseignement supérieur, mais concerne aussi l'enseignement scolaire puisqu'il permet "un changement de paradigme disciplinaire"; il apparaît comme "un levier d’innovation pour l’école", il peut "susciter à nouveau la curiosité, l’envie et le désir chez les enfants et en particulier chez ceux pour qui le système scolaire devient une forme qui les éloigne de leur quotidien et de leur horizon", il peut contribuer à "réenchanter notre écosystème scolaire (...) dans notre monde fragmenté et trop souvent inéquitable".
En effet le le design "a gagné tous les domaines de la relation entre l’homme et la machine, entre l’homme et son environnement", il "s’est étendu à des méthodes de management avec le design thinking, aux sciences de la conception", mais la prise de conscience de l’importance de ce secteur est "encore insuffisante".
La réforme du collège : "une opportunité"
"Dans l’enseignement scolaire, la sensibilisation au design et métiers d’art ne fait pas l’objet d’une véritable politique nationale". Le rapport évoque le plan "Lang-Tasca" en 2000 qui intègre les arts appliqués et le design sous le nom d' "arts du quotidien" et il signale les expériences "nombreuses mais isolées" qui sont menées dans la région Rhône-Alpes dans le prolongement du "PREAC design" (parcours régional d’éducation artistique et culturelle). Dans l’éducation artistique et culturelle, "les tentatives d’apparition des arts du quotidien n’ont pas donné lieu au développement escompté". Les deux auteurs du rapport estiment qu'il faut s’appuyer sur "l’expérience capitalisée par le PREAC design Rhône-Alpes et en faire le lieu référent pour une mise en réseau national avec l’appui de CANOPE" et "promouvoir une politique nationale de sensibilisation au design et aux métiers d’art".
Ils considèrent la réforme du collège comme une opportunité : "la démarche interdisciplinaire sera un des leviers de l’innovation des nouvelles formes scolaires avec une logique de scénarisation du projet qui structure les objectifs, leur organisation et les moyens pour les atteindre. Les disciplines créatives telles que le design ou les métiers d’art apportent trois principes fondateurs qu’il faut combiner : l’empathie, la créativité, la rationalité." De plus, il est possible de "favoriser le design et les métiers d’art" dans les parcours d'éducation artistiques et culturelles.
Deux sphères qui ne communiquent pas
Actuellement, la filière "arts appliqués" représente environ 25 000 élèves du niveau V au niveau IV. Un baccalauréat de spécialité existe depuis 2011 sous l’appellation STD2A (sciences technologiques design et arts appliqués); très sélectif, il attire de très bons élèves de troisième. Mais, "la question de l’éducation artistique et culturelle s’est d’abord construite sur le principe d’une sensibilisation à un monde de la création aux contours limités. De cette sphère ont naturellement été exclus les arts appliqués, le design et les métiers d’arts" et il aura fallu "près de 17 ans à Jacques Daynié, inspecteur général de l’éducation artistique et de l’enseignement technique, pour mener à bien un chantier ambitieux" pour la refonte de la filière arts appliqués avec de nouveaux BTS et la création d’une agrégation spécifique.
Le rapport est téléchargeable ici