Un enfant sur 20 victime d'inceste : former les enseignants et les professionnels de la petite enfance (AIVI)
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Justice le mercredi 16 décembre 2015.
C’est d’ "un génocide identitaire" qu'il s'agit, estime Hélène Romano, membre du comité scientifique de l'AIVI lors de la conférence de presse de l’Association internationale des victimes de l’inceste, ce 16 décembre devant "trop peu" de journalistes. L'AIVI se félicite de la reconnaissance de l’inceste dans le code pénal le mois dernier (voir ToutEduc ici): "la société se réapproprie cet interdit fondamental" mais elle rend public un sondage Harris-interactive qui montre que près de "3 Français sur 10 connaissent dans leur entourage au moins une personne victime d’inceste" et que 6% de l’ensemble de la population déclare avoir été victime d’inceste soit 4 millions de personnes. Ces données correspondent à celles de l’OMS en 2014 : "1 femme sur 5 et 1 homme sur 13, déclare qu’il a été violenté sexuellement dans son enfance" (voir ToutEduc ici). Les cas d’inceste représenteraient les 3/4 des agressions sexuelles sur enfants.
Dans le détail, le sondage montre que 21 % des Français connaissent au moins une personne qui a été victime, du fait d'un membre de sa famille, d'attouchements ou de caresses, 13 % au moins une personne victime d'un viol, les autres connaissent des personnes qui ont été confrontées à des actes d'exhibitionnisme, à des confidences répétées à caractère sexuel, ou obligées de poser pour des images érotiques ou pornographiques. Ce sont donc, au total 27 % des personnes qui déclarent connaître au moins une victime, et 22 % d'entre elles (27 % parmi les femmes), soit 6 % au total déclarent qu'elles sont elles-mêmes cette victime. L'enquête a été menée via Internet auprès de 929 personnes âgées de plus de 18 ans.
Des traumatismes associés
Que faire ? d’autant que, selon Gérard Lopez, coordonnateur des diplômes de psycho-traumatologie et de victimologie à Paris-Descartes cette violence sexuelle s’accompagne souvent de traumatismes associés : violences, négligences, dysfonctionnements familiaux... 8 victimes d’inceste sur 10 subissent 4 traumas et plus entraînant un risque de prise de drogues par injection ultérieurement multiplié par 11 ou encore de tentatives de suicide multiplié par 15 !
Relayant l’OMS qui depuis 2002 recommande un plan gouvernemental pour lutter contre un "fléau de santé publique", l’AIVI s’engage via une communication grand public "vers la prévention". Selon Isabelle Aubry, sa présidente, laisser l’inceste dans le seul champ de l’interdit moral sans le déclarer "nuisible à la société" est insupportable. Une pétition pour l’obtention d’un "plan inceste" est en préparation et militera en faveur de la création d’antennes et de groupes de parole dans toute la France, pour le développement de la formation initiale et continue des personnels de la petite enfance et des enseignants ainsi que pour le financement et le lancement de projets de recherche.
Un petit film produit en partenariat avec Publicis témoignera de quelques faces cachées de la souffrance d’un jeune victime. Il passera sur la plupart des chaînes télévisées; on peut le visionner ici. Le sondage ici