Des tablettes plutôt que des livres dans les écoles africaines (fondation Orange)
Paru dans Scolaire le mardi 08 décembre 2015.
Permettre à des élèves de plusieurs pays d'Afrique d'accéder à du contenu éducatif sans connexion internet, c'est la finalité du programme mis sur pied par la fondation Orange. En France, une version destinée aux associations de soutien scolaire va être lancée en 2016, indique à ToutEduc Luc Heripret, directeur du Mécénat Afrique au sein du groupe Orange.
ToutEduc : Pourquoi la fondation Orange a-t-elle choisi de financer des tablettes dans des écoles africaines ?
Luc Heripret : Acheminer un livre scolaire dans une école africaine coûte 35 ou 40 euros et les ouvrages s'abîment vite, du fait des conditions climatiques. Notre idée de départ était donc d'envoyer des tablettes plutôt que des milliers de livres ; elle semblait plus logique, à partir du moment où l'on peut renouveler le contenu de façon régulière. Pour cela, nous avons choisi comme outil le Raspberry Pi, une micro unité centrale à très bas coût, créée il y a trois ans par la fondation Raspberry en Angleterre. De la taille d'une carte de crédit, ce mini-serveur permet à chaque élève d’accéder à des ressources éducatives sans connexion internet.
Le critère de sélection de l'école, c'est qu'elle soit électrifiée. On réfléchit à s'associer à un partenaire pour amener des panneaux solaires dans celles qui sont sans électricité. Les pays concernés sont ceux où le groupe Orange est présent : Tunisie, Sénégal, Guinée-Conakry, Côte d'Ivoire, Cameroun, Niger auxquels il faut ajouter Madagascar et la Jordanie.
ToutEduc : Quelles ressources et quel équipement proposez-vous ?
Luc Heripret : Nous avons intégré au sein du Raspberry Pi du contenu libre de droit : Wikipédia, wiktionnaire, Khan Academy, projet Gutenberg (bibliothèques numériques), ou issu de plateformes comme Education et numérique. Dans chaque pays, la fondation locale ajoute ensuite ses propres ressources, en obtenant du ministère les contenus liés aux programmes scolaires.
Distribué gratuitement, le kit comprend, par école, 50 tablettes, un projecteur, deux Raspberry, un casque et une valise étanche multiprises. Son coût s'élève pour la fondation Orange à 4 000 euros. Hors contenu, le budget total se situe entre 500 000 et 600 000 euros par an.
ToutEduc : Quelles suites comptez-vous donner à cette expérience ?
Luc Heripret : Des bénévoles suivent dans chaque école le déroulement du programme. Pour l'instant, nous avons conduit une enquête interne auprès de 30 écoles en Tunisie, à Madagascar et au Niger, qui montre une amélioration en termes de résultats scolaires, d'assiduité, de préparation des cours. L'an prochain, nous ferons appel à un organisme indépendant pour mener une véritable étude d'impact. Notre objectif est de continuer à augmenter le nombre d'écoles concernées en Afrique.
En France, nous allons développer un site internet avec du contenu éducatif libre de droit. Nous comptons lancer un appel à candidatures en 2016 en direction d'associations de soutien scolaire qui ont besoin d'être dotées en outils offline. Un minikit leur sera proposé gratuitement, comportant 10 tablettes et un Raspberry.
Propos recueillis par Diane Galbaud