La France a des atouts (OCDE, Regards sur l'éducation)
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Orientation le mardi 24 novembre 2015.
En France, beaucoup d'éléments sont positifs, et les résultats devraient être meilleurs qu'ils ne sont. C'est, en substance, le message de l'OCDE. L'organisation internationale publie ce 24 novembre la 25ème édition de sa gigantesque étude des systèmes éducatifs de 34 pays membres et d'une douzaine d'autres, "Regards sur l'éducation" (ou Education at a Glance), 607 pages. Elle fait valoir qu'elle a acquis un réel savoir faire statistique qui permet de dépasser les singularités qui ont longtemps conduit à penser que des systèmes nationaux n'étaient pas comparables. Son secrétaire général, Angel Gurria insiste aussi sur l'importance de l'éducation pour lutter contre la violence, quelques jours après les attentats de Paris, mais aussi pour les personnes, puisque les bénéfices de l'enseignement pré-scolaire, notre maternelle, se font sentir jusqu'à l'université.
C'est d'ailleurs un des atouts de la France, qui a le meilleur taux de scolarisation des 3-4 ans après israël, ce qui n'interdit pas de réfléchir à l'intérêt de la scolarisation des moins de 3 ans, ni à la taille des classes. En revanche, Eric Charbonnier, qui présente ces résultats ne comprend pas le débat sur "les fondamentaux" alors que nos élèves y consacrent, à l'école élémentaire, 37 % de leur temps, soit plus que tous les autres pays de l'OCDE. Il conviendrait plutôt de s'interroger sur le travailler autrement, sur l'interdisciplinarité, la place du sport, des langues vivantes... Peut-être aussi de mettre en place des alternatives au redoublement (sans le supprimer mécaniquement), avec du travail en petits groupes notamment. Autre atout de l'école primaire française, le temps que passent les enseignants devant les élèves, 924 h /an, 30 % de plus qu'en collège, ce qui ne signifie pas que les professeurs de collège travaillent moins, mais qu'ils passent beaucoup de temps à préparer leurs cours et à corriger leurs copies, et l'OCDE semble penser (sans le dire tout à fait explicitement) que ce temps pourrait être mieux utilisé. Enfin, les enseignanhts français sont moins âgés que dans d'autres pays, ils ne sont que 24 % à avoir plus de 50 ans dans le premier degré (56% en Italie), 28 % au collège (63% en Italie), 37 % au lycée (73 % en Italie). La question de l'attractivité ne se pose donc pas avec autant d'acuité que dans d'autres pays européens.
Mais à côté de ces points positifs, l'OCDE note un certain nombre de difficultés. Même après la réforme des rythmes scolaires, le nombre des journées de classe reste plus important que dans les autres pays de l'OCDE. La dépense par élève reste déséquilibrée : elle est inférieure de 15 % à la moyenne OCDE pour l'école élémentaire, conforme à la moyenne pour le collège, supérieure de 32 % pour le lycée. Les enseignants n'ont pas un accès suffisant à la formation continue, notre enseignement professionnel et notre système d'apprentissage ne sont pas suffisamment valorisés, et les élèves qui en sortent ne sont pas convenablement orientés vers des formations courtes à bac+2...
L'OCDE apporte son soutien aux réformes en cours, même si elles pourraient aller plus loin.