Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

La réforme du collège n'aura pas lieu (Intersyndicale)

Paru dans Scolaire le jeudi 12 novembre 2015.

"La détermination est entière", "la colère monte", 'on a rarement vu une telle mobilisation dans l'enseignement", "plus on parle d'autonomie, plus on dit aux professeurs comment ils doivent faire".... L'intersyndicale opposée à la réforme du collège n'a pas de mots assez durs pour évoquer l'attitude de la ministre, ni de termes assez forts pour décrire ce que ressentent les enseignants. Elle présentait ce 12 novembre à la presse son "appel" à "poursuivre la lutte contre cette réforme inacceptable et demande l'ouverture de discussions sur d'autres bases". Et, ajoute François Portzer (SNALC), "forcément, ça ne va pas se faire", "d'ici septembre, il va se passer beaucoup de choses" complète Jacques Paris (SNLC), car "on ne construit pas une réforme sur la souffrance, la colère et le désespoir" estime Jean-Baptiste Verneuil (SIES). Frédérique Rolet renvoie à la douzaine de témoignages qui figurent déjà sur le site du SNES (ici).

Ils portent sur les ratés des formations qui ont eu lieu pendant les vacances. Car tous sont unanimes, elles ont presque toujours été mal perçues, les enseignants qui s'y sont rendus n'ont pas eu de réponses aux questions très concrètes qu'ils se posent sur la faisabilité de la réforme en termes d'organisation, de faisabilité, de gestion des emplois du temps, et ils dénoncent "l'impréparation du ministère". Or certains chefs d'établissement font preuve d'autoritarisme, menacent les enseignants qui refuseraient de se rendre aux formations qui sont en cours, et qui sont souvent programmées le mercredi après-midi, hors des heures de cours. Pour l'intersyndicale, il ne fait aucun doute que "le mouvement s'approfondit", et que ceux qui n'étaient pas mobilisés le seront à mesure qu'ils auront subi ces formations.

Une réforme très profonde

La colère augmentera aussi, estiment les organisations, quand les enseignants verront arriver dans les établissements les DHG (dotations horaires globales), car les 4 000 postes prévus ne suffiront pas à accompagner la réforme, qui prévoit d'accorder aux établissements 2h45 supplémentaires la première année, 3h la seconde. Même si le calcul est complexe, puisque "on ne sait pas ce qu'on récupère de l'autre côté", du fait par exemple de la suppression des classes bilangues, le SNES estime le besoin à 6 000 ETP. Et pour SUD, il est clair que "les moyens seront ponctionnés sur ceux des lycées". Enfin les enseignants vont voir leurs horaires disciplinaires baisser. A une remarque de ToutEduc sur la possibilité qu'ils auront de faire de "faux EPI" et d'organiser une interdisciplinarité de façade, les représentants syndicaux répondent en évoquant les trois heures d'accompagnement en 6ème, "sans qu'on sache bien ce dont il s'agit, le document de la DGESCO à ce sujet étant incompréhensible", les trois "parcours" (enseignement artistique et culture, avenir et citoyen) mais surtout "une réforme qui va beaucoup plus loin" qu'il n'y paraît, une réforme "systémique", "très profonde dans sa logique", qui se situe d'ailleurs dans le droit fil de la "réforme Chatel" du lycée (dont les syndicats seront invités à examiner le bilan, la première réunion est prévue le 20 janvier). Cette réforme d'ailleurs est "technocratique", bien davantage portée par la DGESCO, et par certains cercles comme Terra nova, influencé par le SE-UNSA, que par la ministre, estime la représentante du SNES (selon les informations dont dispose ToutEduc, la DGESCO aurait voulu une réforme plus ambitieuse).

Enfin, le refus de la ministre de recevoir leurs représentants sur ce sujet, et ce de façon définitive, est interprété par les enseignants comme "du mépris", après que le gouvernement eut fait preuve "d'autoritarisme social" en publiant les textes au lendemain de la manifestation. Ils seraient de plus exaspérés par une communication ministérielle dont "ils voient bien qu'elle est mensongère", par exemple sur l'allemand. S'y ajoutent des colères plus ponctuelles. Ainsi le SUNDEP (le syndicat SUD de l'enseignement privé) évoque le risque pour certains enseignants, notamment en technologie, de perdre des heures au point qu'ils en perdent leur emploi et qu'ils doivent se reconvertir en urgence.

Des chefs d'établissement dubitatifs, des parents outrés

Les organisations syndicales estiment de plus que de nombreux chefs d'établissement "commencent à être dubitatifs", et que leur "enthousiasme" est "modéré". Mais ils comptent surtout sur l'appui des parents. Selon le SNALC, des sections entières se désaffilieraient de la FCPE et de la PEEP, "outrées" de l'attitude "pro-réforme" des directions des deux grandes fédérations.

Toutes pourtant estiment qu'une réforme est nécessaire. Même si elles n'ont pas toutes le même projet, voire un projet, elles estiment que "le débat aurait pu être intéressant", selon le SNALC qui rappelle qu'il a publié un projet de collège modulaire. Pour le SNES, "on a fait l'économie d'un débat sur ce que doit être le collège", ni le prolongement de l'école primaire, ni "un petit lycée". C'est "une occasion perdue", un "gâchis".

L'intersyndicale appelle les enseignants "à s'opposer localement aux formations" et "à décider collectivement de la forme de cette opposition", à participer à "une semaine d'actions à partir du 23 novembre", à se réunir en "assemblées générales pour débattre des suites de l'action, en particulier de la possibilité de construction d'une grève majoritaire".

Elle réunit la CGT Educ'action (enseignement public et privé), le SIES et le SNCL (FAEN), le CNGA et A&D (CGE-CGC), le SNALC, le SNLC et le SNETAA (FO), SUD (public et privé), le SNES, le SNEP et le SNUEP (FSU). Les confédérations FO et CFE-CGC la soutiennent.

 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →