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Pour sortir du débat entre "réac-publicains" et "pédagogistes". Un livre de Grégory Chambat.

Paru dans Scolaire le vendredi 06 novembre 2015.

"Cantonné à la seule question des moyens ou englué dans l’artificielle querelle opposant "réac-publicains" et "pédagogistes", le débat autour de l’école est aujourd’hui dans l’impasse" affirme Grégory Chambat dans son nouveau livre intitulé "Pédagogie et révolution".

 Enseignant, coanimateur de la revue N’Autre Ecole et du site Question de classe(s), il propose une relecture des classiques de la pédagogie au regard de l’actualité, une manière pour lui "de réactiver l’inspiration qui guidait les éducateurs d’hier". De Francisco Ferrer à Jacques Rancière, en passant par Célestin Freinet, Paulo Freire, Pierre Bourdieu, Simone Weil ou Ivan Illich, il "esquisse le bilan d’un siècle de pratiques et de luttes pour une éducation réellement émancipatrice".

Des "réseaux illichiens" à Internet

Revisitant l’œuvre du pédagogue autrichien Ivan Illich et notamment "Une société sans école", il constate que "cette pensée originale et radicale éclaire encore les débats qui agitent le système éducatif". Souhaitant "déscolariser l’école", Ivan Illich écrit : "Un véritable système éducatif devrait se proposer trois objectifs. A tous ceux qui veulent apprendre, il faut donner accès aux ressources existantes, et ce à n’importe quelle époque de leur existence. Il faut ensuite que ceux qui désirent partager leurs connaissances puissent rencontrer toute autre personne qui souhaite les acquérir. Enfin, il s’agit de permettre aux porteurs d’idées nouvelles, à ceux qui veulent affronter l’opinion publique, de se faire entendre". Des "réseaux illichiens" qui, selon Grégory Chambat, ne sont pas sans évoquer le développement d’Internet. Il s’interroge : "Les thèses d’Illich, souvent considérées comme utopiques, s’avèreraient-elles finalement des alternatives réalistes ?".

Le social et le pédagogique

S’interrogeant sur l’héritage légué par Francisco Ferrer, le pédagogue espagnol fusillé après avoir été accusé d’être l’instigateur de l’insurrection de 1909 à Barcelone, l’auteur affirme qu’il serait "à chercher davantage dans son action quotidienne et son engagement aux côtés des plus démunis que dans les révélations d’une théorie achevée". Il ajoute : "la pédagogie de Ferrer dépasse la problématique strictement scolaire pour celle de l’éducation au sens large : ouverture sociale de l’école (l’Ecole moderne accueille les réunions des groupes syndicaux et anarchistes locaux), conférences en direction des familles et des travailleurs du quartier, développement d’une maison d’édition diffusant textes pédagogiques et ouvrages de propagande, publication du bulletin L’Ecole moderne…". Ce qui fait dire à certains que "parmi les héritiers de Ferrer, on trouve plutôt des militants politiques que des militants pédagogiques". Et Grégory Chambat d’ajouter : "n’est-ce pas le plus cinglant désaveu de l’actuel aveuglement social des mouvements pédagogiques ?".

A la suite d’une "visite au cœur de l’univers de la pédagogie Freinet", l’auteur constate : "Assurément, l’héritage porté par les successeurs de Freinet s’inscrit dans une tradition sociale, loin des clichés sur une pédagogie bobo au service du capital". Même s’il constate par ailleurs que "depuis le début des années 1980, les mouvements pédagogiques n’ont pas été épargnés par un certain désenchantement et un repli sur le pédagogisme".

"Pédagogie et révolution", Editions Libertalia, 10€.

 

 

 

 

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