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Harcèlement : "Je mesure ce qu'ils peuvent souffrir" (N. Vallaud-Belkacem)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le jeudi 05 novembre 2015.

"Et vous, êtes-vous harcelée dans vos fonctions ?" Alors qu'elle dialoguait ce matin avec des "ambassadeurs lycéens" contre le harcèlement, en cours de formation, la ministre de l'Education nationale a été interrogée par une jeune fille sur son vécu, et Najat Vallaud-Belkacem, sans jamais se poser en victime, n'en a pas moins évoqué "les horreurs" qui circulent à son sujet sur les réseaux sociaux. Elle a, dit-elle, l'assurance personnelle qu'elle s'est forgée, mais elle mesure ce que peuvent souffrir les jeunes qui sont harcelés. Mais si elle est particulièrement sensible à ce sujet, qui est, pour elle, "une priorité", c'est aussi qu'elle a été ministre en charge des Droits des femmes, et qu'elle a été très frappée par les violences que certaines subissent, un sujet longtemps resté tabou. De la même façon, cette journée nationale de mobilisation doit permettre de "rompre le silence" sur un phénomène qui n'est pas "cantonné au monde de l'école", et qui concerne aussi les associations, les parents, les médias, les acteurs de l'Internet...

Plus tard dans la journée, elle a rencontré les élèves de l'école Joliot-Curie de Bagneux et, là encore, les équipes soulignent la nécessité de travailler avec la mairie, qui, dans le cadre de PRE (programme de réussite éducative), a mis en place un "point d'écoute" dans le collège avec 3 psychologues, mais aussi avec la commissariat dont un policier, officier de prévention, intervient auprès des élèves. André Canvel, le délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire (et qui succède à Eric Debarbieux), interrogé par ToutEduc, le confirme, "s'il n'y a pas une équipe, ce n'est pas la peine", mais cela ne correspond pas à notre culture scolaire, fondée sur la performance individuelle. "Je suis persuadé que tout le monde est prêt au changement, mais il faut rassurer les enseignants sur le fait qu'ils ont le droit d'essayer et de se tromper." Tous doivent être convaincus de l'importance de l'empathie pour la réussite éducative qui est la condition de la réussite scolaire. Leur démarche doit s'inscrire dans la durée, d'où l'importance du pilotage à tous les niveaux, ministériel, académique, dans l'établissement. L'équipe doit être intercatégorielle, pléthorique, s'appuyer sur la recherche pour objectiver ses résultats, et choisir un outil commun, une méthode, et "une entrée". A Besançon, ils ont opté pour la coopération entre pairs, aussi bien élèves qu'enseignants, et huit d'entre eux sont allés à Toronto pour s'inspirer de l'expérience canadienne...

Deux numéros nationaux

Mais pour la ministre, s'il n'y avait qu'un message à retenir, c'est l'existence du 3020. Ce numéro national, auparavant un 0800, est géré par l'EPE Ile-de-France (Ecole des parents et des éducateurs) avec 6 écoutants depuis la rentrée, au lieu de 4. Le ministère vient d'ailleurs d'augmenter la subvention pour cette montée en puissance et pour qu'ils soient tous présents le lundi. Selon l'entourage de la ministre, ce sont, à plus de 95 %, les parents qui appellent, et, dans la mesure où ils laissent leur numéro de téléphone, les problèmes, quelque 3 500 chaque année, peuvent être signalés à l'établissement et résolus. Mais ce numéro ne reçoit qu'un tiers des appels, deux autres tiers arrivent dans les académies, où 250 personnes se sont vu attribuer une mission de "référent harcèlement". Il faut aussi compter avec tous les cas signalés aux établissements. Pour les cas de cyber-harcèlement, c'est un autre numéro, le 0800 200 000. Il est géré par "net-écoute", un réseau européen qui a pour correspondant en France e-Enfance.

Beaucoup de problèmes sont toutefois réglés dans l'école ou l'établissement et l'accent mis par le ministère sur le harcèlement "dénoue les langues", "enfin on en parle", explique la principale du collège Joliot-Curie. Et "chacun peut faire quelque chose", estime la ministre qui voit bien que l'une des difficultés vient de la crainte des élèves de passer pour des "balances", des "rapporteurs"... "Non, leur dit-elle, vous êtes des héros, vous venez en aide à un autre enfant en danger. Essayez toujours de vous mettre à la place de l'autre, et demandez-vous ce que vous aimeriez que l'on fasse pour vous si vous étiez à sa place."

Des élèves valorisés

C'est, rapporte l'entourage de la ministre, ce qu'ont bien compris les ambassadeurs lycéens, surtout lorsqu'ils sont dans la voie professionnelle, qu'ils ont connu l'échec scolaire, et qu'ils se retrouvent "à faire le professeur" auprès des élèves d'école primaire ou de collège. Ils sont amenés à gérer leurs interventions, à appeler le/la principal-e, l'inspecteur(trice), le directeur(trice) d'école, et c'est pour eux extrêmement formateur en même temps que valorisant.

A noter que dans une interview à Metronews, Najat Vallaud-Belkacem regrette que certains enseignants aient pu se sentir blessés par le clip réalisé par Mélissa Theuriau et posté sur le site du ministère : "L'idée complètement assumée, c'était de donner carte blanche à la réalisatrice (...) La seule requête qui lui a été adressée, c'est de parler aux enfants de 7 à 11 ans avec un discours clair, dans lequel ils puissent se reconnaître (...) Que ressent un enfant victime de harcèlement ? (...) il ressent la solitude, l'injustice, le fait de ne pas pouvoir en parler aux adultes. C'est exactement ce que raconte ce clip." (l'interview ici)

 

 

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