"Il faut creuser la question des adolescents en groupe" (François Chobeaux, Ceméa)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le jeudi 22 octobre 2015.
"Socialisations juvéniles : des espaces éducatifs en interactions", tel est le thème exploré les 19 et 20 octobre par des chercheurs et des acteurs du terrain, lors d'un colloque organisé par l'université de Cergy-Pontoise, l'Injep et les Ceméa. Quels sont les enjeux liés à cette rencontre ? François Chobeaux, responsable du secteur Jeunesse des Ceméa et chercheur en anthropologie de l'adolescence, répond aux questions de ToutEduc.
ToutEduc : Comment est né ce colloque sur les socialisations juvéniles ?
François Chobeaux : À l'origine, c'est une idée du département des sciences de l'éducation de l'université de Cergy-Pontoise qui en a parlé à l'Injep et aux Ceméa. De façon tripartite, nous avons décidé de monter un séminaire de réflexion sur les socialisations juvéniles. L'objectif était d'articuler le travail universitaire aux pratiques et réflexions venues du terrain.
Bien souvent, quand on réfléchit aux espaces de socialisation des jeunes, on n'évoque que le système scolaire. Or, ces socialisations reposent sur trois éléments : les dispositifs éducatifs – écoles, clubs de sport, etc. - ; les déterminations sociales et culturelles qui ne se limitent pas aux parents ; les groupes de pairs. Il est important d'analyser comment elles se déroulent dans chaque sphère, en évitant que le modèle de l'école ne s'impose à tous.
ToutEduc : Le colloque vient de s'achever ; quels sont, selon vous, ses principaux apports ?
François Chobeaux : Pour nous aux Ceméa, le grand intérêt de cette rencontre entre universitaires, jeunes chercheurs et professionnels de terrain est de l'ordre de la reconnaissance réciproque, avec une forme d'hybridation : les jeunes chercheurs se montrent très ancrés dans le terrain et les gens de terrain réfléchissent et questionnent, chacun avec son statut. La dynamique engagée fait bouger les lignes et il est évident qu'il faut continuer à travailler sur ce thème des socialisations des jeunes.
ToutEduc : Justement, quelles suites souhaitez-vous donner à cet événement ?
François Chobeaux : Nous aimerions développer un travail, peut-être à travers une rencontre nationale, sur la socialisation entre pairs à l'adolescence. Il faut creuser la question des adolescents en groupe, en lien avec les tensions vécues au sein de beaucoup d'institutions. Nous tenons à rester sur cette thématique de l'adolescence, sans coller aux jeunes des étiquettes comme "délinquants".
Aux Ceméa, nous voudrions mener des ateliers de "décorticage des pratiques". L'idée est de sortir du descriptif technique pour analyser comment la situation fonctionne. Autrement dit, il s'agit de développer une démarche scientifique sur ce que l'on fait.
Propos recueillis par Diane Galbaud