Le numérique remet en cause "les positions sociales des élèves, des parents et des enseignants" (recherche)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le mercredi 21 octobre 2015.
"Les interactions relationnelles et sociales qu’installe la forme scolaire traditionnelle sont les héritières d’une conception hiérarchique et verticale des organisations. Celles-ci résistent difficilement à la reconfiguration des relations que permet et qu’induit le numérique", souligne Jean-François Cerisier, chercheur en sciences de l’information et de la communication à l'université de Poitiers, dans un article de recherche diffusé le 20 octobre.
Selon lui, il convient de s’interroger sur "la viabilité du modèle actuel de distribution des positions sociales respectives des élèves, de leurs parents et des enseignants au sein de l’école". Un modèle devenu à ses yeux inopérant, et qui appelle "un véritable renouvellement". Car le numérique ouvre le champ des interactions possibles, grâce à son potentiel créatif. "C’est sans doute là que réside l’intérêt majeur du numérique pour l’Ecole dès lors que les conditions favorables à l’activité et l’initiative des élèves et des enseignants auront été réunies", estime Jean-François Cerisier.
Un usage continu et intensif des technologies numériques
Aujourd'hui, les acteurs de l’Ecole - élèves, parents, enseignants, personnels de l’institution scolaire - "font tous ou presque un usage continu et intensif des technologies numériques". Le chercheur cite notamment une étude de Médiamétrie menée au premier trimestre 2014, selon laquelle 79,2% des jeunes de 15 à 24 ans sont équipés d’un smartphone. "Aujourd’hui, ils viennent à l’école avec leur propre équipement", remarque-t-il. Un phénomène qui remet en cause les savoirs scolaires et leurs modes d’appropriation.
Néanmoins, Jean-François Cerisier note que cette problématique n'est pas vraiment nouvelle : "L’usage massif de la télévision par les jeunes pose cette question depuis les années 70 sans que l’institution scolaire n’ait véritablement réussi à y répondre." Pour lui, les travaux de recherche et les initiatives prises depuis un demi-siècle autour de l’audiovisuel et de la télévision "constituent une base de réflexion qui gagnerait à être revisitée".
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Diane Galbaud