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"School shooting, la violence à l’ère de You Tube", un livre de Nathalie Paton

Paru dans Scolaire, Justice le mardi 20 octobre 2015.

"Ce livre se propose d’enrichir la compréhension de ce phénomène de violence expressive en analysant comment les auteurs de fusillades et leurs publics ont exploité les ressources des médias dits participatifs […] notamment YouTube, afin de s’exprimer, de créer des réseaux sociaux et de réussir leur projet." Dans un ouvrage intitulé "School shooting", Nathalie Paton, chercheure associée au Laboratoire d’études et de recherches appliquées en sciences sociales à Toulouse et post-doctorante à l’université d’Aix-Marseille, utilise les réseaux sociaux pour comprendre les tueries scolaires.

Intéressée par la médiatisation dans la constitution des phénomènes sociaux, des relations sociales et des identités, l’auteure a menée "une ethnographie en ligne" pendant trois ans, à partir du massacre de Virginia Tech en 2007. Sa première enquête portait sur "la constitution des publics lors de la médiation des fusillades scolaires, notamment la formation d’un sanctuaire spontané sur YouTube dédié à la commémoration des victimes". La seconde concernait "les usages médiatiques plus quotidiens d’un contre-public, celui d’une scène sub-culturelle de fans de school shooting". Et la troisième traitait "des paquets multimédias produits et diffusés par les auteurs de fusillades durant la phase de préméditation de leur passage à l’acte".

Des publications régulées

Explorant l’idée qu’Internet soutient la contagion de la violence, Nathalie Paton constate que "les internautes ne légitiment pas l’usage de la violence mais la considèrent comme une tragédie […] Quant à la sub-culture, bien qu’une fraction marginale de ce public glorifie l’acte de tuer, la vaste majorité des internautes utilise Internet pour tenter de comprendre et d’expliquer". Elle ajoute : "si l’utilisation des médias ne mène pas à la glorification des school shootings, c’est aussi – et surtout ? – parce que les publications en ligne font l’objet de fortes régulations, et ce à trois titres : autorégulation, pression verticale et horizontale."

 En revanche, dans un chapitre traitant des ressources du web 2.0, l’auteure démontre clairement que "les médias participatifs sont un vecteur de propagation de ce phénomène de violence expressive". Elle précise notamment que "l’emploi des médias participatifs fournit de surcroît l’impression aux agresseurs qu’ils peuvent contrôler leur image publique et redéfinir leur identité en termes favorables". Ce sont "des vecteurs d’expression publique, et en cela incarnent la possibilité d’accéder à la représentation politique au sein d’arènes médiatiques, moins contrôlée par la présence des gatekeepers depuis Internet, voire d’être entendu par le politique".

Repli sur la communauté

Analysant le contenu des messages publiés par les fans et les tueurs, elle remarque que "les tueurs montrent aux fans un exemple original d’individualisation : ils cherchent à réussir le pari proposé à chacun à l’époque actuelle, soit marquer leur différence dans un contexte où la différenciation est devenue la norme. En utilisant les outils à leur disposition […] ils attirent l’attention sur les sévices qu’ils ont subis (l’injustice de l’humiliation) comme sur leur individualité."

Mesurant l’enjeu des procédures de régulation et plus particulièrement celles menées par les administrateurs de YouTube, Nathalie Paton s’inquiète néanmoins des effets pervers : "D’une manière certaine, dans le cas du réseau que nous avons suivi durant trois années, cela a eu pour effet d’amener à restreindre les contours de l’arène médiatique qu’ils partagent. Repli sur la communauté, privatisation des échanges, suspicion à l’égard des observateurs extérieurs sont quelques-unes des défenses que nous avons pu constater."

"School shooting, la violence à l’ère de You Tube, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 13€

 

 

 

 

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