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Numérique et pédagogie : a-t-on le temps d'attendre ? (revue de l'OCCE)

Paru dans Scolaire le mercredi 07 octobre 2015.

C’est sur "Coopérer 2.0 : (R)évolution numérique et pédagogique" que s’est tenue l’université d’été 2015 de l’office central de la coopération à l’école (OCCE) et c’est le titre éponyme du dossier de synthèse où il rend compte, dans sa revue pédagogique "Animation et Education" d’octobre (ici), des moments les plus importants et significatifs des conférences, agoras et ateliers qui y ont eu lieu. C'est ainsi que pour Sylvain Genevois (laboratoire "école, mutations, apprentissages", université de Cergy-Pontoise), on peut cautionner de vieilles méthodes sous couvert d’innovation, par exemple avec un tableau numérique interactif… pour un cours magistral. Pour que le numérique soit l’avenir de l’école, il est nécessaire d’accepter la mutation de la fonction enseignante qui n’est plus de transmettre mais d'accompagner, d’organiser la coopération dans la classe en sorte que les compétences des uns deviennent des ressources potentielles pour les autres, d’éviter la découverte descendante de nouvelles notions, d’introduire une part de travail personnel pour chaque enfant et de demander aux élèves de finaliser leur travail seuls ou à plusieurs par la production de supports.

Cependant, l’analyse que délivre Bruno Devauchelle (professeur en ingénierie des médias à l’université de Poitiers) est que le problème de fond, aujourd’hui, du monde scolaire, c’est qu’il refuse d’accepter la forme que prennent les usages de communication des jeunes et d’un certain nombre d’adultes car le monde scolaire est fortement marqué par le refus d’une communication qui ne soit plus contrôlable. L’appareil personnel reste suspect dans le monde scolaire, d’où les projets d’équipements massifs, d’où le développement des espaces numériques de travail, d’où les refus du "Bring Your Own Device" alors que, dès que l’on passe dans l’enseignement supérieur, plus de 95 % des étudiants de première année arrivent avec un ordinateur personnel connecté et l’utilisent à l’Université.

Le numérique ne modifie fondamentalement pas les apprentissages scolaires

Cette réticence du système scolaire par rapport aux équipements et surtout à leurs usages se retrouve aussi face au collectif. L’image dominante du travail scolaire est individuelle : évaluations, contrôles, classement, lutte contre la copie entre élèves, classe silencieuse où bavarder est suspect. Si le numérique permet de s’affranchir aisément des limites traditionnelles, les pratiques collectives et collaboratives restent limitées.

Pour sa part, André Tricot (laboratoire travail et cognition, CNRS de Toulouse) estime que, malgré la profondeur de cette révolution, le numérique ne modifie fondamentalement ni les tâches ni les apprentissages scolaires : ce qu’on apprend à l’école, c’est ce qui n’est pas immédiatement utile. Ce qui est modifié, c’est l’accès à des supports de connaissances et de tâches. La manipulation de ces supports requiert de nouvelles compétences, de nouvelles exigences. Se pose alors la question fondamentale des contenus d’enseignements : quelles connaissances, quelles habiletés l’école doit-elle transmettre ? Comment amener les élèves à devenir plus compétents à gérer la complémentarité entre interne et externe ? Qu’est-ce que le numérique permet d’aborder comme nouveaux contenus ? Par exemple, quelle situation de production d’écrit plus authentique que de contribuer au document public qui sert de référence sur Internet en rendant les élèves producteurs d’écrits sur Wikipédia ?

L'Education nationale et Kodak

La situation peut-elle rester en l’état ? Manifestement, ce n’est pas dans ce sens que va ce que soutient Emmanuel Davidenkoff (auteur du Tsunami numérique) qui établit un parallèle entre l’entreprise Kodak qui a fait faillite et l’éducation nationale, expliquant qu’on peut être une organisation avec des tas de gens innovants mais que si le modèle général ne bouge pas et qu’une concurrence plus forte que les autres émerge, on finit par faillir. Toute cette énergie doit contribuer à faire changer ce système pour éviter qu’une concurrence privée bouleverse le modèle que l’on a choisi en France. Celui qui est construit autour d’un projet de société basé sur des savoirs, des savoir-faire mais aussi sur des valeurs essentielles dont cette concurrence ne se souciera pas. Il convient donc maintenant d’opérer une véritable conversion pédagogique car, malgré tout, le numérique ne peut se substituer à l’être humain dans ce qu’il a d’unique.

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