Lire-écrire : les fondamentaux ne se résument pas au "lire, écrire, compter" (N. Vallaud-Belkacem)
Paru dans Scolaire le samedi 26 septembre 2015.
Pour Najat Vallaud-Belkacem, "la transmission des fondamentaux ne se résume pas à une formule incantatoire, 'lire, écrire, compter' (...) Il n’y a pas d’un côté des savoirs fondamentaux, et, de l’autre, des connaissances annexes (...) Les fondamentaux, sont, par définition, partout présents." La ministre de l’Education nationale intervenait hier 25 septembre au colloque "Lire et écrire au CP" organisé à l'IFE-ENS (Institut français de l'éducation) autour des premiers résultats de l'enquête conduite par Roland Goigoux sur "les caractéristiques des pratiques les plus efficaces pour apprendre au CP". Menée dans 131 classes, elle a permis de recueillir une masse des données et 3 000 heures de vidéo dont l'exploitation prendra plusieurs années; un rapport de 1 000 pages sera en ligne d'ici Noël et d'ici 3 semaines, tous les documents présentés au cours de cette journée seront sur le web, a d'ailleurs annoncé Catherine Perotin, la directrice adjointe de l'IFE.
La ministre sait qu'elle évoque un sujet qui provoque "des réactions passionnées, pour ne pas dire plus", mais elle en précise les termes, "oui, il est urgent de remédier aux importantes lacunes de nos élèves dans la lecture, l’écriture, mais aussi dans les mathématiques (...) En CE2, 4% des élèves ne maîtrisent pas le décodage. C’est encore trop, mais cela peut sembler peu. Mais ils sont entre 15 et 20% à avoir une compréhension défaillante. 2 élèves sur dix. Et ces 20%, nous les retrouvons en 6ème." Et, ajoute-t-elle, "l’écart entre les élèves des réseaux d’éducation prioritaire et les autres est d’environ 8 points, et celui entre les enfants de cadres et les enfants d’ouvriers est de 15 points."
Priorité à la formation des enseignants
Najat Vallaud-Belkacem met l'accent sur "l’importance du travail réitéré" et sur "les activités quotidiennes de lecture et d’écriture, de dictées et de textes à mémoriser", mais elle y ajoute une autre dimension, "totalement absente du programme de 2008, celle de l’oralité". D'ailleurs, "on apprend autant à écrire en rédigeant des lignes d’écriture qu’un discours qui sera prononcé devant la classe".
Elle précise que "la formation, la mise à disposition de ressources pédagogiques et didactiques et l’accompagnement des enseignants est (s)a priorité. Les enseignants du 1er et du 2nd degré vont donc recevoir une formation et des ressources pédagogiques de qualité afin qu’ils puissent être prêts dès la rentrée 2016, et mener à bien cette mission essentielle, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture."
Les acquis de la recherche
Au cours de la journée, ont été évoqués les acquis de la recherche internationale : "Les maîtres efficaces favorisent l'engagement actif des élèves dans la recherche de sens, enseignent des stratégies qui sous-tendent une compréhension efficace, font de l'enseignement des compétences langagières (lexique, syntaxe) un objectif prioritaire." D'ailleurs, au cours de leur scolarité les élèves seront appréciés sur leur capacité à comprendre, mais leurs difficultés "sont masqués par des évaluations centrées sur le code."