Archives » Recherches et publications

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

"Hyperactivité : l’enfance n’est pas une maladie" (F. Jésu, Journal du droit des jeunes)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Justice le mercredi 09 septembre 2015.

"Depuis la mise sous gestion hospitalière et/ou le pilotage par les Agences régionales de santé de la plupart des 84 "Maisons des adolescents" créées en France depuis 2004, on savait déjà que l’adolescence était peu ou prou une sorte de maladie. Avec la mise en ligne, le 12 février 2015, de la décision du 10 décembre 2014 du collège de la Haute autorité de santé sur la "conduite à tenir en médecine de premier recours devant un enfant ou un adolescent susceptible d’avoir un trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), on sait qu’il en va officiellement de même de l’enfance en général". Dans un article du Journal du droit des jeunes, Frédéric Jésu, consultant, pédopsychiatre et vice-président de DEI-France (section française de Défense des enfants international), s’insurge contre la tendance à médicaliser l’hyperactivité.

Non sans ironie, Frédéric Jésu affirme "qu’on est maintenant capable de reconnaître en l’enfance, dès le plus jeune âge, une pathologie qui se caractérise en tous lieux mais surtout à l’école, par les nettes et préoccupantes propensions des sujets atteints à se laisser distraire par leur environnement ou, si celui-ci est ennuyeux par leurs propres idées […] à bouger et à se déplacer pour explorer et comprendre le monde […] et à le faire de façon spontanée, sans attendre les créneaux horaires prévus à cet effet." Et l’auteur de constater que "depuis une vingtaine d’années, cet important problème de santé publique a opportunément bénéficié, notamment à partir des Etats-Unis et du Canada, de l’éclairage des laboratoires dont le pharmarketing actif permet de promouvoir la seule et unique molécule capable d’y remédier : le méthylphénidate".

Une augmentation de 70% des ventes de Ritaline

Bien que la Haute autorité de santé reconnaisse "qu’il n’existe aucune mesure biologique, d’imagerie ou neuropsychologique objective pour le diagnostic du TDAH", l’auteur souligne que le recours à cette molécule va croissant : selon "une étude de Celtipharm […] se fondant sur l’analyse des ventes dans plus de 3000 pharmacies, une augmentation de 70% des ventes de boîtes de Ritaline (un des noms commerciaux de la molécule) a été constatée en France en 5 ans (2008-2013). Le nombre de consommateurs a bondi de 114% en 5 ans chez les moins de 5ans."

Pour Frédéric Jésu, "l’industrie pharmaceutique mondialisée peinait, ces vingt dernières années, à pénétrer le marché français des psychotropes pour enfants et adolescents" à cause de "la prévalence de la culture psychanalytique ou des références à la psychothérapie institutionnelle des pédopsychiatres". Mais, "l’aggravation présumée – et dument médiatisée – tant des problèmes relationnels intrafamiliaux que des climats scolaires et le discours prévalent sur la crise de la famille, la crise de l’école, la crise de l’autorité éducative, etc. furent alors habilement combinés à la bonne maîtrise des techniques de promotion du méthylphénidate". Et l’auteur d’en conclure qu’en publiant, en février dernier, sa recommandation de bonne pratique sur le TDAH, la Haute autorité de santé "n’a hélas rien fait d’autre que de boucler la boucle".

Journal du droit des jeunes, numéros 345-346, mai-juin 2015, 18€

 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →