La Main à la pâte propose un "grand récit" pour l’éducation à la science dans nos écoles
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le mardi 08 septembre 2015.
"Pour enseigner les sciences de la maternelle à la 3è, pour éclairer la mise en œuvre du Socle commun", tel est le sous-titre plus évocateur encore que le titre de l’ouvrage lui-même "Idées de sciences, idées sur la science"que la Fondation La main à la pâte vient de publier aux éditions Le Pommier, à l’occasion de son vingtième anniversaire (voir Touteduc ici), sous la direction de Wynne Harlen, présidente des experts OCDE-PISA en 1998-2003 et présenté par Pierre Léna, président de la Fondation.
L’ouvrage est la traduction en français de "Working with big Ideas of science education" publié en début d’année après un séminaire international financé par le ministère de l’éducation du Mexique en septembre 2014; la main à la pâte en était partie prenante. Ses conclusions viennent pour Pierre Léna "à point nommé" … "Mes partenaires et moi-même sommes convaincus qu’enseigner autrement la science peut puissamment servir les objectifs de la réforme (des collèges, NDR), car nous avons éprouvé depuis vingt ans la cohérence et la pertinence de cette méthode."
Dix idées de sciences sur la science
Les "big ideas" sont "dix idées de science que nous proposons à la jeunesse de nos écoles comme bagage indispensable" et qui constituent la trame du "grand Récit épique constitué par la science", Pierre Léna reprenant ici un dessein du philosophe Michel Serres. Les auteurs souhaitent "dessiner de façon précise et fortement interdisciplinaire les idées DE science que l’on peut souhaiter connues et comprises (…) mais aussi (faire) acquérir des idées SUR la science, en comprenant comment elle s’est construite, en réfléchissant à ce qu’elle est dans la pratique des élèves, dans ses modes de découverte et de raisonnement, son processus de vérification, les valeurs éthiques qu’elle met en jeu et la confiance que peuvent mériter ses assertions."
Cette proposition "d’éducation à la science" vise aussi "chaque citoyen"; ’il "ne s’agit pas de faire de ces contenus un catalogue de notions aussi vite oubliées qu’apprises, mais une participation à la formidable aventure humaine qu’est la science". Ses principes y sont exposés avec pour maître mot l’éducation "par l’expérimentation" au plus près des préoccupations des élèves et de leurs vies et grâce à laquelle s’acquiert le "petit nombre de notions-clé" ainsi que l’utilisation d’éléments d’évidence qui s’écrit ici "evidence" à l’anglaise. Il s’agit d’une notion "à mi-chemin entre l’évidence et la preuve en français" : "un tâtonnement guidé au cours duquel se forge progressivement une nouvelle vision des choses plus convaincante et plus scientifique." Des principes qui concernent aussi l’évaluation de l’élève "de manière qu’elle encourage l’apprentissage" ou encore les relations entre les enseignants : "énorme défi" qui exige coopération des "éducateurs et des scientifiques" et une formation professionnelle continue à laquelle les scientifiques participent.
Toutefois c’est par l’identification des notions-clés et leur développement mis en "récit" que l’ouvrage innove véritablement. Des phases évolutives de compréhension sont mises en mots ; il s’agira, pas à pas, d’y progresser et se hisser vers cette "vision" rendue nécessaire pour tout un chacun. Au passage P. Léna concède que "les progressions dessinées depuis la maternelle sont encore trop limitées aux sciences dites fondamentales". Mais, ajoute t-il, c’est une "première étape" avant de donner sa place au monde technologique et de répondre pleinement à l’objectif de l’éducation à la science qui "doit développer la curiosité des élèves et leur capacité d’émerveillement et de questionnement en s’appuyant sur leur inclination naturelle à vouloir comprendre le monde qui les entoure".
"Idées de sciences, idées sur la science", Le Pommier, 192 p, 15 €