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Grèce : regards d'enfants sur la crise économique (étude)

Paru dans Scolaire, Culture le mardi 08 septembre 2015.

Que disent les enfants de la crise économique et sociale en Grèce ? C'est la question posée par Noëlle Burgi (CESSP - Centre européen de sociologie et de science politique de la Sorbonne) et Georgia Soumara (conseillère pédagogique dans l'enseignement primaire en Grèce), dans une étude publiée le 07 septembre par le Laboratoire d'Excellence TEPSIS (Transformation de l’Etat, politisation des sociétés et institution du social).

"Telle que se la représentent les enfants, la 'crise', c’est en premier lieu les privations matérielles. Ils n'ont pas de jouets. Ils mangent mal. Les écoles ferment", constatent les deux auteurs, à l'issue d'une enquête menée dans trois établissements scolaires de la banlieue ouest de Thessalonique. Pour mémoire, elles rappellent que le budget grec de l’éducation a été réduit de 33% entre 2009 et 2013 et que le taux de pauvreté a presque doublé entre 2008 et 2012, passant de 23% à 40,5%.

Les enfants "disent, répètent" la pauvreté

Noëlle Burgi et Georgia Soumara soulignent : les enfants "disent, répètent, dessinent, représentent la pauvreté, la faim, les sans-abri, les gens qui fouillent dans les poubelles, les soupes populaires, le poids des impôts et des taxes, l’augmentation des prix (notamment des transports), la baisse des pensions et des salaires, la chute de l’activité économique (fermeture des commerces, mise en vente des biens, licenciements), la disparition des économies familiales, les animaux abandonnés, les dettes, les factures impayées, les coupures d’électricité, les saisies immobilières, les méfaits ruineux des jeux de hasard...".

À la question "Qu’est-ce qui vous vient immédiatement à l’esprit quand on dit le mot crise ?", les enfants répondent notamment : "Les problèmes familiaux [...] les parents se disputent à cause de l’argent, ils peuvent divorcer, l’un peut s’en aller..." et "la prison". Face à cette situation, ils pointent les responsables : "ils nomment des hommes et des partis politiques, évoquent la justice des riches et leur mépris à l’égard des pauvres."

"Une solution, c’est émigrer"

Interrogés sur la notion de solidarité comme issue possible, les enfants imaginent "des actes de philanthropie, de charité, d’entraide amicale ou familiale, d’amour du prochain". Ils mentionnent également l'émigration : "une solution, c’est émigrer, mais ce n’est pas très bien non plus...".

S'ils ont remarqué des formes d’organisation sociales et solidaires en Grèce (cliniques et cours privés solidaires par exemple), ils jugent néanmoins que "peu de gens y participent." "Leurs improvisations et jeux de rôle dépeignent le pauvre dans une très grande solitude", observent Noëlle Burgi et Georgia Soumara. Aux yeux des enfants, "le personnage du sans-abri ou du mendiant ne demande jamais de l’aide parce qu’il sait d’avance qu’il n’en obtiendra pas."

L'étude est consultable ici

Diane Galbaud

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