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La constitution des classes, une préoccupation pour les chefs d'établissement (CNESCO-SNPDEN)

Paru dans Scolaire le mardi 01 septembre 2015.

"Il y a 25 ans, personne ne s'intéressait à la composition des classes" qui est devenue un sujet majeur pour les chefs d'établissement, estime Philippe Tournier. Le secrétaire général du SNPDEN (le syndicat UNSA des personnels de direction) commente l'enquête menée par le CNESCO. Diffusée auprès d'un panel de quelque 2 000 principaux et proviseurs, auquel 478 chefs d'établissement ont répondu, c'est la première sur le sujet. Elle s'imposait, estime la présidente du Conseil national d'évaluation du système scolaire : comment expliquer que 93 % d'entre eux répondent que "la composition des classes a un effet important sur les résultats scolaires de l'établissement", mais que l'on trouve effectivement dans les collèges des classes de niveau, théoriquement interdites, et qu'ils sont 84 % à ne pas trouver pertinentes, demande Nathalie Mons.

Premier constat, la distribution aléatoire ne fonctionne pas. Fondée en général sur l'ordre alphabétique, elle amène à mettre ensemble tous les enfants dont le patronyme commence par "Al" (souvent maghrébins), par "Dos" (souvent Portugais) ou par W et Z (pour Wang ou Zhou). Les chefs d'établissement sont amenés à prendre en compte un certain nombre de critères. Ce sont d'abord, au collège, les problèmes comportementaux (96 %), la diversité des profils scolaires (96 %), la mixité filles-garçons (95 %) mais aussi les options (95 %) et les "tensions entre élèves" (93 %). Viennent ensuite la diversité sociale et "culturelle" (ethnique), le souci de conserver les groupes d'amis, de maintenir ensemble un groupe classe, ou d'assurer la continuité d'une équipe d'enseignants (un critère beaucoup plus important au lycée qu'au collège), et parfois les lieux de résidence, notamment pour tenir compte des transports scolaires ou du co-voiturage...

Répartir les 10 % d'élèves qui font problème

Selon Philippe Tournier, enseignants comme chefs d'établissement sont parfaitement convaincus de la nécessité de répartir les élèves qui font problème, moins de 10 % en général, pour éviter la constitution d'une "classe catastrophe", mais ensuite, "on répartit tous les autres en faisant moins attention", d'autant que "la multiplicité des critères à prendre en compte" oblige à définir des priorités, qu'il n'existe pas d'outils d'aide à la constitution des classes (comme pour les emplois du temps) et qu'il n'y a pas de modules de formation puisque les formateurs n'ont aucune étude sur laquelle se fonder, un manque que vient combler celle du CNESCO.

Si le consensus sur le critère comportemental est acquis, ce n'est pas le cas pour les classes de niveau. Plus de la moitié (57 %) des chefs d'établissement pensent certes que "les enseignants sont plus efficaces lorsqu'ils enseignent à une classe dont l'origine sociale est hétérogène" (ils sont 12 % n'être "pas d'accord"), mais ils sont nombreux à douter. De plus, ils peuvent avoir d'excellentes raisons de constituer des classes de niveau, pour "garder une certaine population scolaire" (des bons élèves) dans un établissement "très exposé" (qu'ils fuiraient sinon) par exemple.

Plus de contraintes, plus d'inégalités

L'enquête du CNESCO montre que les chefs d'établissement les moins expérimentés et les cheffes d'établissement prennent davantage en compte les demandes liées au maintien des groupes d'amis, notamment dans le cadre de la transition CM2-6ème et au co-voiturage. P. Tournier y voit un effet générationnel, "les femmes et les jeunes sont plus ouverts". L'enquête montre aussi que les chefs d'établissement consultent beaucoup avant de constituer les classes, mais qu'ils ne sont que 5 % à saisir le conseil d'administration des modalités, et 1 % à les faire voter, comme le prévoit pourtant le code de l'éducation. P. Tournier estime que la création des "conseils pédagogiques" a augmenté la place du débat mais il craint que de telles décisions ne puissent être soumises au vote sans provoquer une inflation des demandes.

Il estime d'ailleurs que la réforme du collège, même si elle interdit théoriquement de constituer des classes en fonction des EPI, favorisera la constitution de classes de niveau. Il sera impossible de mettre tous les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) en "barrette" (à la même heure pour toutes les classes d'un même niveau), certains iront donc plus facilement en "langues et cultures de l’Antiquité" et d'autres découvriront le "monde économique et professionnel", "on devine lesquels". Plus de complexité et  plus de choix donné aux élèves ou aux parents, c'est davantage de facteurs d'inégalité, pour le SNPDEN.

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