Formation des animateurs : la réforme des rythmes scolaires a-t-elle modifié la donne ?
Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 31 août 2015.
"Nous n'avons aucun chiffre consolidé nulle part." Sophie Dargelos, interrogée par ToutEduc sur la réforme des rythmes scolaires vue par la CPNEF, la commission paritaire "emploi formation" de l'animation dont elle est vice présidente, constate qu'elle a des effets importants sur le terrain, mais difficiles à évaluer. Plus de 80 % des communes ont un PEDT (projet éducatif de territoire), mais elles n'étaient que 20 à 40 % dans ce cas au printemps dernier. Dans les deux tiers au moins des départements, les GAD (groupes d'appui départementaux), mènent un travail "très fin" pour les aider à en améliorer la qualité. La branche de l’animation a lancé une enquête sur le travail à temps partiel dont celui des animateurs périscolaires. Les résultats seront publiés en 2016.
En ce qui concerne le recrutement, il semble que les difficultés soient toujours là, mais elles ne paraissent plus constituer un obstacle insurmontable, contrairement à ce qui se disait au démarrage. Le besoin est estimé à 200 ou 300 000 personnes. Le "turn over" est important, mais il l'a toujours été dans l'animation. Sophie Dargelos distingue les communes qui ont réorganisé et formé leurs personnels municipaux, celles qui travaillaient déjà avec des associations dont les salariés faisaient l'accueil du soir, et qui connaissent donc une certaine stabilité Ils ont vu leurs contrats à temps partiel augmentés du temps des activités générées par la réforme, et on peut penser qu'ils en sont majoritairement satisfaits, même si certains ont, en revanche, perdu leurs heures du mercredi matin. Enfin d'autres communes ont recruté des animateurs uniquement pour les TAP et elles connaissent sans doute un turn over important. Il faut aussi compter avec les cultures locales, certains départements ont un tissu associatif très fort. Là encore, les données manquent.
Un effort des communes pour la formation des animateurs
Sophie Dargelos perçoit un effort "très important" de formation. La profession considère que le BAFA, qui n’est pas un diplôme professionnel, ne confère pas à ceux qui le détiennent une autorité suffisante pour dialoguer avec les enseignants, mais il semble évident qu'il progresse. La CPNEF a créé en 2008 un CQP (certificat de qualification professionnelle) d'animateur périscolaire qui constitue une alternative au BAFA et surtout une première étape de professionnalisation. En 2009, 11 personnes l'ont obtenu, elles étaient 164 en 2012, 212 en 2013, et 638 en 2014. Sur les deux premiers mois de 2015, on comptait déjà 101 certifiés. L'accélération est nette, et même si les effectifs sont faibles comparés au nombre des animateurs, leur nombre doit être mis en relation avec celui des diplômés BPJEPS, le brevet professionnel (niveau IV) du ministère de Jeunesse & Sports, qu'on peut estimer à moins de 2 500 chaque année (10 668 en 2014, mais les trois quarts au moins sur des spécialités sportives, et non pas "loisirs tout public").
Outre l'enquête de la CNPEF, on attend les données collectées par le comité de suivi de la réforme, par la CNAF et par l'inspection générale de l'Education nationale. Selon les informations dont dispose ToutEduc, celle-ci a, dans un premier temps, renoncé à évaluer les impacts de la réforme sur les acquis des élèves, il était trop tôt pour le faire.