Le SE-UNSA affiche son soutien à la refondation, même si s'étiole la priorité au primaire
Paru dans Scolaire le jeudi 27 août 2015.
Pour le syndicat UNSA des enseignant la refondation constitue "un projet cohérent" même si cela n'apparaît pas toujours aux yeux des acteurs qui voient diverses "briques" se mettre en place. Pourtant, "jamais notre système éducatif n'aura été autant remanié en si peu de temps", affirme le secrétaire général du SE qui ajoute : "il ne reste que 18 mois pour achever ce parcours et surtout pour que la refondation dans sa globalité devienne une réalité pour les enseignants, les élèves et leurs familles" d'autant qu'il faut attendre les nouveaux programmes et les nouvelles modalités d'évaluation des élèves pour que se mette réellement en place la "refondation pédagogique". Christian Chevalier en est convaincu, le soutien affiché à la réforme explique les progrès du syndicat, qui a gagné en un an 1 500 adhérents (pour arriver à 55 000), de même que pour le SNALC et FO, l'opposition très marquée est payante, aux dépens des syndicats de la FSU, à la ligne hésitante.
Mais le SE s'inquiète de voir "s'étioler" de la volonté politique sur la priorité au primaire et il a lancé une pétition pour que l'ISAE (la prime accordée aux enseignants du premier degré, 400 €/an) rejoigne au moins à terme l'ISOE (la prime pour l'orientation des enseignants du second degré, 1 200 €/an). Le syndicat des enseignants a lancé une pétition en ce sens. "Nous demandons un agenda social", précise C. Chevalier qui comprend que le rattrapage ne puisse pas être accordé sur un seul exercice budgétaire. La ministre s'est engagée à une augmentation de l'ISAE avant la fin du quinquennat, mais n'a pas précisé à quelle hauteur.
La refondation des ressources humaines
Il attend aussi que soit parachevée la refondation de la scolarité obligatoire, avec une réforme du brevet et de l'évaluation des élèves. "L'objectif inavoué de la notation", c'est le tri des élèves. Or depuis la loi de 2005 (la loi Fillon), l'objectif de l'école a changé, c'est l'acquisition par tous les élèves du socle commun. Mais surtout le SE attend "la brique manquante" de la refondation, celle de la gestion des ressources humaines. "Le ministère continue de gérer les enseignants comme une armée "de 800 000 soldats anonymes, identiques et interchangeables". Il faut donc que soit développée la formation continue, y compris pour l'accès à des formations diplômantes, y compris en vue d'une reconversion professionnelle. Il faut aussi améliorer les conditions de travail alors que nous assistons à "une inflation des réunions".
Le SE s'inquiète de la mobilité géographique des enseignants, gérée sans tenir compte des individus et de leurs compétences spécifiques. Pour pallier les difficultés de recrutement dans le second degré, il propose que, au moins dans les grandes disciplines, les concours soient "régionalisés". En effet, les étudiants hésitent à s'engager dans des carrières qui vont les amener très loin de chez eux parfois. De plus, certaines académies déficitaires pourraient mettre en place des politiques de pré-recrutement. Les enseignants devraient avoir tous les quatre ou cinq ans un "rendez-vous de carrière personnalisé" pour envisager leurs évolutions de carrière et faire le point sur les compétences que le système, tel qu'il fonctionne actuellement, ne reconnaît pas, ce qui provoque leur "sous-utilisation". Enfin, si les déroulements de carrières, en clair, les avancements d'échelon, ne dépendaient plus des notes mises lors des inspections, la question de l'évaluation des enseignants serait dépassionnée, et la hiérarchie pourrait jouer son rôle d'accompagnement au lieu d'être dans le contrôle. Les modalités d'inspection sont en effet "archaïques, anxiogènes, infantilisantes".
Une révolution culturelle
C. Chevalier est bien conscient que ces propositions supposent "une vraie révolution culturelle" et qu'elles susciteraient de fortes oppositions. En ce qui concerne le lycée, le SE n'attend pas de réforme avant la fin du quinquennat. Un état des lieux de la "réforme Chatel" devrait être publié "dans les semaines qui viennent" et des "évolutions ponctuelles" seraient lancées en 2016. C'est une déception pour le syndicat, qui comprend toutefois que l'accent ait été mis sur la scolarité obligatoire. Il considère que la promesse "des 60 000 postes" (54 000 pour l'enseignement scolaire non agricole) sera tenue. Ce sera plus difficile pour le "plus de maîtres que de classes" et pour la scolarisation des moins de trois ans, les instances locales, y compris syndicales, privilégiant les ouvertures de classe au vu de la poussée démographique. Il se félicite du travail de "co-rédaction" fait sur les programmes et qualifie de "remarquable" celui qui a été fait sur l'école maternelle.
En ce qui concerne la réforme du collège, il estime que, pour beaucoup d'enseignants, "les jeux sont faits", et que les syndicats qui y sont opposés auront beaucoup de mal à mobiliser.