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Le socle commun en débat (INRP)

Paru dans Scolaire le dimanche 22 novembre 2009.

Introduit dans la loi en 2005, le socle commun désigne un ensemble de connaissances et de compétences que les élèves doivent maîtriser à l'issue de la scolarité obligatoire. Le texte définit aussi les valeurs et attitudes nécessaires à l'élève pour réussir sa scolarité et sa vie de futur citoyen.

Le colloque international "De la culture commune au socle commun", organisé à l’INRP (Lyon) les 19 et 20 novembre, a permis de poser différentes analyses. Denis Paget, ancien co-secrétaire général du SNES-FSU, a  articulé son propos autour des risques attenants, selon lui, à la mise en œuvre du socle commun. Il a fustigé la "pauvreté intellectuelle" qui a présidé à son élaboration. "Aucun élément ne me semble répondre aux questions suivantes : Pourquoi mettre en place un socle commun? Quelle culture commune veut-on transmettre ?" Pour lui, le premier risque serait l’instauration d’un double curriculum : "Dans les collèges ambition réussite, que doivent privilégier les enseignants déjà confrontés aux problèmes d’apprentissage des élèves? l'acquisition du programme ou celui du socle ? Ne risque t-on pas d’aboutir à deux enseignements : celui, minimal, des pauvres et celui, plus complet, de ceux qui ont les moyens ?" Le second risque, selon le syndicaliste, serait que les élèves les plus en difficulté se contentent de maîtriser les "savoirs faire" valorisés et évalués par le socle commun, à défaut d’acquérir les notions fondamentales et théoriques des enseignements. Enfin, Denis Paget craint que l’application du socle commun n’amplifie la frénésie évaluative au collège.

Jean-Michel Zakhartchouk, professeur de collège, formateur et rédacteur aux Cahiers pédagogiques, a mis en garde contre les interprétations manichéennes. "On ne peut se borner à opposer un socle qui définirait des normes, et l’idée de créativité". Il s’est également positionné contre la dichotomie classique individu/collectif appliquée au texte. "Favoriser l’individualisation des enseignements, c’est encourager les progrès de chacun. Parallèlement, la mise en place du socle sous-entend un travail de coopération important entre les équipes". Enfin, il estime que l’opposition simple entre compétences et connaissances ne peut constituer une grille d’analyse sérieuse. "Les compétences sont des connaissances en action", a t-il estimé. 

Philippe Foray (université Jean Monnet Saint Etienne) tient un propos ouvertement positif. "Pour Denis Kambouchner, auteur d’ 'Une école contre l’autre', le socle commun donne le faux espoir que l’école puisse fournir une culture de base à la nation, créer du lien social. Cela lui apparaît comme une mission démesurée. Mon objectif est de discuter cette objection fondamentale". Philippe Foray distingue plusieurs significations à la culture commune : La scolarité commune, l’enseignement commun, et enfin les acquisitions communes. "Pour Kambouchner, avoir étudié la même chose ne signifie en aucun cas savoir la même chose. Le socle commun ne crée pas, de fait, d’équité entre les jeunes. Je défends pour ma part la possibilité d’une culture commune qui serait comprise comme l’exercice d’une citoyenneté active". Le risque, concédé par Philippe Foray, reste celui d’un nivellement par le bas de l’enseignement, la réduction de la culture enseignée à "un Smic culturel". Il insiste sur l’importance d’exiger l’excellence pour tous, au risque de créer des différences de niveaux. "Devons-nous choisir entre un enseignement pour tous, au risque de niveler par le bas et de faire migrer les meilleurs éléments vers les écoles privées, et l’excellence pour un noyau d’élèves, au risque de créer un échec scolaire abyssal ?". Il s’agirait alors de maintenir un programme de qualité, tout en favorisant le partage des connaissances. "Ces deux objectifs d’exigence et de démocratie sont conciliables si on aborde l’enseignement d’un point de vue pédagogique : Les enseignants doivent être particulièrement attentifs aux difficultés de chaque élève."
 

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