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"Faire revenir la République à l'Ecole" : la commission d'enquête sénatoriale recherche le consensus avec des propositions choc

Paru dans Scolaire le mercredi 08 juillet 2015.

Le rapport "Faire revenir la République à l'Ecole" a été approuvé par 11 voix contre 8 et une abstention par les sénateurs membres de la "Commission d'enquête sur le fonctionnement du service public de l'éducation, sur la perte des repères républicains que révèle la vie dans les établissements et sur les difficultés rencontrées par les enseignants dans l'exercice de leur profession". Jacques Grosperrin (LR), le rapporteur, a très sciemment choisi de faire des propositions "un peu raides", qui suscitent un réel débat. Il affirme pourtant que les politiques éducatives souffrent de l'absence de consensus et de "pérennité", et que les ministres devraient tenir davantage compte du travail effectué par leurs prédécesseurs. Son collègue Jean-Claude Carle renchérit, "l'école n'est ni de droite, ni de gauche". J. Grosperrin ne remet pas en cause la logique du socle commun ni la loi de 2013 et fait son "mea culpa" pour avoir voté la suppression de la formation des enseignants, même s'il craint que les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation) n'aient les mêmes défauts que les IUFM, d'autant que l'Education nationale n'impose pas que des "modules de formation identiques" soient dispensés dans les divers ESPE. D'ailleurs la commission préconise un débat parlementaire annuel sur "les choix stratégiques en matière d'enseignement", placé "sous l'autorité de la commission de la Culture".

Françoise Laborde (RDSE), présidente de la commission et qui a approuvé le rapport, avoue avoir eu, pour certaines propositions, "un peu de mal". Dans un communiqué, la sénatrice Marie-Christine Blandin (écologiste) est extrêmement sévère, elle parle "d’une commission d’enquête d’inspiration polémique" et placée "sous le sceau du soupçon". Elle rappelle que sa création a été motivée "par une démarche d’investigation sur la dissimulation supposée d’incidents lors de la minute de silence d’hommage aux victimes des attentats de janvier 2015", elle dénonce "des approximations", "un certain suivisme par rapport aux raccourcis des médias", et des "propositions rétrogrades et inefficaces d’inspiration UMP".

Voici l'essentiel des "20 propositions principales"

- La "sacralisation de l'école" passe par "l'interdiction du port de signes ou de tenues ostensibles (...) pour les accompagnatrices et accompagnateurs de sorties scolaires". Ceux-ci pourraient d'ailleurs porter, comme les élèves "une tenue d'établissement". Ce n'est pas un "uniforme", ça peut être, par exemple, un jean et un "sweat à capuche" explique le rapporteur qui ne cache pas qu'il a été impressionné par le cours Alexandre Dumas de Montfermeil ou l'internat d'excellence de Sourdun.

Une telle tenue contribuerait à "sacraliser l'école", puisqu'on s'habillerait différemment quand "on va apprendre" et qu'elle contribuerait à créer un sentiment d'appartenance. Elle permettrait également de résoudre la question des vêtements qui peuvent être assimilés à des signes "ostensibles d'appartenance religieuse, politique ou philosophique".

- Un "pacte" serait proposé aux enseignants. Ceux-ci prêteraient serment lors de leur entrée dans la fonction, car "un fonctionnaire doit mettre en application ce qu'on lui demande". Il adhérerait donc à un "code de déontologie" et il signerait, à l'instar des élèves et des parents, le règlement intérieur de l'établissement.

Dans les ESPE, la maquette des formations serait revue pour valoriser "la transmission des valeurs républicaines". Les concours seraient revus en conséquence. Interrogé par ToutEduc sur le caractère incantatoire d'une formule comme "restaurer l'autorité des enseignants", Jacques Grosperrin répond qu'il s'agit surtout de recruter "les meilleurs", ceux qui ont manifestement l'autorité voulue, et qui savent qu'ils "ne sont pas là pour être aimés". Il compte aussi sur le rétablissement aux concours de l'épreuve "agir en fonctionnaire de l'Etat".

La commission demande par ailleurs un "effort massif sur la formation continue" et elle voudrait qu'il soit interdit "d'affecter en zone difficile des enseignants débutants", sauf s'ils sont volontaires.

Les chefs d'établissement auraient "un droit de regard sur le recrutement des nouvelles équipes". Un "véritable statut de directeur d'école" serait institué. Pour J. Grosperrin, "la nature de l'Homme" est telle que l'absence de hiérarchie génère systématiquement des dérives.

- En ce qui concerne les élèves, l'évaluation de leur maîtrise du français conditionnerait leur accès en 6ème. La commission n'est pas hostile au redoublement du CM2, même si, à titre personnel, J. Grosperrin rêve d'un cycle unique "CP-3ème".

Un code de bonne conduite serait assorti "d'un barème clair de sanctions prévoyant des travaux d'intérêt général scolaire". Dans chaque département serait créé "un établissement spécialisé d'accueil pour les élèves les plus perturbateurs". La "modulation des allocations familiales pour lutter contre l'absentéisme scolaire" serait rétablie.

Dans les écoles et collèges, serait mis à l'étude "un dispositif de brouillage des téléphones portables". Dans les écoles primaires, les tablettes seraient interdites.

- La commission demande aussi le "recentrage du programme de l'Histoire de France et de sa chronologie autour du récit national". Les ELCO (enseignement des langues et cultures d'origine) seraient supprimés. Jacques Grosperrin fait l'éloge de "Parler bambin", des méthodes "qui marchent" et des sciences cognitives qui permettent de s'intéresser "à ce qui se passe dans la tête de l'élève" au lieu de "le mettre au centre". Jean-Claude Carle insiste sur l'importance de l'école primaire, "tout se joue entre 4 et 7 ans", ajoute-t-il. Pour Françoise Laborde, les enseignants surnuméraires doivent permettre des dédoublements pour les enseignements fondamentaux au CP et au CE1 dans les quartiers difficiles.

Le rapport est accessible ici (tome I, 241 p.) et ici (tome II, 605 p.)

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