Réforme du collège : l'Académie française fonde sa condamnation sur l'analyse de "principes implicites"
Paru dans Scolaire le mercredi 24 juin 2015.
L'Académie française publie le texte de la "déclaration" qu'elle a adoptée à l’unanimité le 11 juin 2015 et dans laquelle elle "estime nécessaire de reconsidérer les principes et les dispositions des réformes proposées" pour le collège. Elle remarque que la réforme de son organisation précède la définition des programmes, ce qu'elle considère comme "un défaut de structure". Mais surtout, elle s'efforce de rendre explicites les "deux principes implicites" qui, selon elle, fondent cette réforme, "l’affaiblissement des disciplines fondamentales" et "leur remplacement au profit de thématiques interdisciplinaires" qui risquent "de favoriser une dispersion des savoirs, une fragmentation des contenus préjudiciable aux élèves en difficulté".
L'Académie s’inquiète également "du remplacement des programmes établis par année et par discipline par des 'cycles' de trois ans" et de la mise en place de "parcours propres à chaque élève", ce qui "a toute chance de perpétuer voire de développer les inégalités". Elle insiste sur "la place (qui doit être) faite à la langue française" dont l'enseignement doit "donner lieu à un programme précis pour chacun des cycles scolaires". Les académiciens dénoncent la réduction de "la place des humanités" dans les projets de programmes et le fait que le latin et le grec soient mis "sur un pied d’égalité avec les langues régionales".
Ils craignent enfin que les réformateurs ne résistent pas "à la tentation de la facilité" alors que "l’exigence constitue le principe fondateur de l’école de la République".
Dans sa réponse, la ministre de l'Education nationale affirme que la réforme vise à "renforcer l’acquisition des savoirs fondamentaux (...) au premier titre desquels la maîtrise de la langue française". Najat Vallaud-Belkacem ajoute que "la structuration disciplinaire des enseignements est au cœur de la nouvelle organisation des enseignements au collège". En ce qui concerne le latin et le grec, elle assure qu'il s'agit d' "en offrir la découverte beaucoup plus largement qu’aujourd’hui, à l’ensemble des élèves".
La déclaration de l'Académie française ici, la réponse de la ministre ici.