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Mixités à l'école : "Par quoi on commence ?" (N. Mons)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le samedi 06 juin 2015.

Un collectif se crée dans la foulée de la "conférence de comparaisons internationales lancée par le CNESO et par le CSE (le Conseil supérieur de l'éducation du Québec) sur les "mixités sociale, scolaire et ethnoculturelle à l’école"; il réunit des individus et des institutions, en France, au Québec et en Belgique. Doté d'un comité d'organisation, il devra, d'ici un an, faire des propositions concrètes pour agir, pour développer la recherche, concevoir des outils de mesure des ségrégations et une base de données des pratiques de terrain. C'est sans doute la principale conclusion de ce colloque de deux jours sur une question dont la complexité a été soulignée dans tous les ateliers. Elle ne peut être pensée sans envisager celle des mixités résidentielles, alors que les migrations internationales s'accompagnent d'une communautarisation des quartiers, et qu'on ne peut penser les mobilités géographiques sans penser leur gouvernance au niveau local, sachant qu'elle ne seront pas efficaces en l'absence d'objectifs clairement affichés, et d'un cadrage national fort... Elle suppose de penser la formation des personnels pour une culture commune des enseignants, des agents communaux, les ATSEM notamment, des animateurs des activités péri et extrascolaires... Ces activités elles-mêmes sont le lieux de ségrégations territoriales, mais aussi de genre... D'où l'interrogation de Nathalie Mons, quand elle conclut ces deux journées de débats : "par quoi on commence ?".

Aucun des participants ne croit en effet à "un grand soir" qui résoudrait d'un coup toutes ces questions et la salle semble adhérer à l'idée des "petits pas". Mais la présidente du CNESCO va plus loin. Pour Nathalie Mons, "la France doit accepter de reconnaître son retard" en matière de mixités, et doit s'interroger sur les raisons de sa "cécité". La question reste en effet taboue, occultée par la formule, "une République une et indivisible" qui suppose que les nouveaux venus abandonnent toute référence à leur culture d'origine, tandis que le "collège unique" n'évite pas de nouvelles formes de ségrégation, plus occultes. Ce sont donc, au premier chef, "les représentations sociales, les croyances, les valeurs" qu'il faut "faire bouger". Or les réactions aux politiques de déségrégation vont de l' "hostilité nette" à "l'indifférence".

Des dilemmes éthiques

Il faut aussi tenir compte des dilemmes éthiques. Le principal d'un collège doit-il privilégier la mixité scolaire au sein de son établissement, mais accepter de voir certaines familles contourner la carte scolaire pour l'éviter, ou faire des classes de niveau à options pour les attirer et les maintenir ? Comment dès lors "vendre cette mixité" aux personnels de l'Education nationale, aux parents et aux élus ? Et comment faire pour les toucher en même temps ? Cela suppose à tout le moins de disposer de connaissances scientifiques sur les effets des mixités, donc d'un appareil statistique qui ose mettre des mots sur les réalités.

Il faut aussi "oser expérimenter", sachant qu'à chaque terrain correspond "une boîte à outils", selon qu'on est en milieu rural ou urbain, dans un territoire en croissance ou en décroissance démographique... Et cela suppose un "diagnostic partagé"  qui permette de dépasser le sentiment d'impuissance.

Prendre au sérieux les opposants

En effet, souligne Claude Lessard, la transformation des représentations suppose "de prendre aux sérieux la parole de tous les acteurs, y compris ceux qui refusent la mixité". On se condamne sinon "à tenir des discours moralisateurs qui ne mènent pas loin". Et, ajoute-t-il, c'est d'autant plus important mais d'autant plus difficile que cette question des mixités est de celles par lesquelles "on attrape tout", et qui "révèle beaucoup de choses" sur les politiques migratoire, urbaine, de logement, de formation, sur la place des parents, sur l'information des publics scolaires. C'est un enjeu qui touche tous les acteurs sociaux..

Et le président du CSE québécois a bien l'intention de participer au réseau qui se met en place. Il est venu à Paris convaincu de participer à une conférence de plus, qui soulignerait la complexité de la question, et donc la difficulté, pour ne pas dire l'impossibilité d'agir. Il se réjouit donc de voir le CNESCO sortir de son rôle de simple évaluateur, "être beaucoup plus que ça" et s'engager dans cette entreprise de transformation des représentations.

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