"Une école de la réussite pour tous" : les préconisations du CESE, les réponses de N. Vallaud-Belkacem
Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 13 mai 2015.
Les quelque 60 préconisations de l'avis "une école de la réussite pour tous" adopté hier par le Conseil économique, social et environnemental (ici) se fondent sur trois principes, "une école inclusive", "une école où la mixité sociale et scolaire est une situation normale", "une école pour laquelle la politique publique soutient et évalue les initiatives". Voici les plus marquantes :
- garantir "pour tout enfant une place en maternelle dès deux ans", prioritairement dans les REP "et dans les territoires à faible densité".
- engager une concertation avec les collectivités territoriales afin d'actualiser leur périmètre de compétences "en matière de dépenses obligatoires et de dépenses facultatives"
- renforcer les RASED
- mettre en place des actions communes entre les SEGPA et les autres classes du collège
- donner aux affectations en SEGPA, CLIS, ULIS "un caractère de réversibilité par une évaluation annuelle"
- faire "du référentiel de l'éducation prioritaire le référentiel d'une école de la réussite de tous"
- insister, dans le cadre des ESPE ultramarins sur "la formation aux langues vernaculaires et aux cultures du territoire". De plus, "la création d'une ESPE à Mayotte est une priorité"
- organiser "des temps de rencontre et de formation entre tous les acteurs du PEDT" et développer des "co-formations" et des "formations communes" entre "enseignants, acteurs et animateurs de territoire"
- favoriser "la présence de tous les parents (...) dans les écoles et les collèges" et rechercher "les modalités les pus appropriées" à leur venue...
- faire en sorte que "l'enjeu des apprentissages soit compréhensible par tous les élèves (...), multiplier les travaux communs par projets (...), être attentif à l'apprentissage de la démocratie à l'école"
- l'Education nationale doit commander des "recherches-actions" en matière de pédagogie
- dans les ESPE, doivent être mises en place des formations au traitement inclusif de la difficulté scolaire
- les personnels d'encadrement doivent être formés "à l'animation d'une équipe et au travail collectif et collégial"
- "faciliter les mouvements d'enseignants volontaires d'un établissement à un autre, pour un temps donné, avec un retour garanti sur le poste d'origine, afin de permettre l'essaimage des pratiques."
Le discours de la ministre
Dans son discours en réponse, la ministre de l'Education nationale, évoquant à la fois l'avis du CESE et le rapport de Jean-Paul Delahaye, y voit "une exigence à approfondir le mouvement engagé, pour que l’école assure pleinement, pour chaque élève, sa mission d’apprentissage des savoirs fondamentaux et de transmission des valeurs". Elle estime notamment que "l’objectif, déjà ambitieux, de scolariser 50% des enfants de moins de 3 ans dans les réseaux REP+ de l’éducation prioritaire" doit être considéré "comme un plancher". Il faut aussi "conforter les RASED" (réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté). En ce qui concerne le diagnostic social pour les orientations en SEGPA, une circulaire à venir "ne le maintiendra que lorsqu’il semblera pertinent, particulièrement lorsqu’un internat est envisagé". Il faudra aussi "garantir la réversibilité des décisions".
La ministre entend "donner leur place et leur légitimité aux pédagogies explicites et fondées sur la coopération, aux travaux par projets, à tout ce qui stimule l’initiative et l’autonomie des élèves comme des enseignants".
Parmi les autres annonces de la ministre, à noter qu'elle partage "l’objectif de proposer à chacun, au cours de sa scolarité obligatoire, le bénéfice d’un voyage culturel ou linguistique sans être empêché pour des raisons financières", et qu'elle compte évoquer "avec fermeté" les exigences "pas toujours raisonnables" imposées aux familles sur les fournitures.Le budget actuel des fonds sociaux "sera sanctuarisé et progressera vers le montant préconisé, soit 70 millions d’euros, en fonction de l’évolution du contexte budgétaire".
"Une circulaire viendra prochainement préciser le parcours éducatif de santé, afin de rapprocher la santé scolaire de la médecine de ville". La ministre souhaite "élargir les missions de la santé scolaire" et "renforcer l’offre de service social, en l’étendant au premier degré dans les territoires urbains et ruraux défavorisés".
"Il faut former les parents délégués et même réfléchir à la création d’un statut de parent délégué". Il faut également soutenir "les initiatives qui concourent à créer une culture partagée" entre les collectivités locales, les associations, les parents.
L’éducation nationale verra dès la rentrée prochaine "plus de 5 000 jeunes volontaires" en service civique "mobilisés pour favoriser la scolarisation des enfants de moins de 3 ans, développer l’accès à la culture, au sport, aux sciences, accompagner les projets des élèves et des équipes éducatives, contribuer à l’apaisement du climat scolaire ou encore animer la réserve citoyenne".
A relever aussi cette phrase dans le discours de Najat Vallaud-Belkacem : "Trop d’élèves et de familles subissent ces petites hontes, ces humiliantes impossibilités d’accéder à une forme de droit commun ou de satisfaire à leur apparente nécessité, avec les conséquences que cela entraîne pour l’élève comme pour ses parents dans la construction de leur relation avec l’institution scolaire."