La politique du déni des compétences transférables des enseignants hors enseignement est un désastre (Aide aux Profs)
Paru dans Scolaire le lundi 27 avril 2015.
"Est‐il compatible pédagogiquement et politiquement de donner envie aux jeunes d'entreprendre, tout en refusant à leurs enseignants le droit à se reconvertir, tout au long de l’année, et notamment en contribuant au dynamisme économique de notre pays en créant leur entreprise?" Cette question est, non pas l'introduction, mais la conclusion d'une tribune intitulée "le métier d'enseignant peut‐il demeurer durablement attractif si l’administration toute entière continue à gérer les professeurs de cette manière?". Celle-ci, signée du président fondateur de l'association "Aide aux profs", Rémi Boyer, a été publiée le 26 avril 2015 sur le blog de Philippe Meirieu.
Dans cette tribune, l'auteur dénonce une "politique du déni des compétences transférables des enseignants hors de l'enseignement", qui fait "du métier d’enseignant un tunnel". Une politique qui constitue, selon lui, "un véritable désastre, une bombe de GRH à retardement." Celle-ci, affirme-t-il, "fait rater aux enseignants qui le souhaitent de nombreuses opportunités de reconversion, tout en supprimant progressivement les postes en détachement, qui constituaient les véritables formes de seconde carrière, hors concours, disponibles par milliers dans son système". Il dénonce ainsi l'absence de "véritables passerelles sans concours entre ses différents services et métiers", ou encore des "procédures de demandes de détachement ou de disponibilité (…) exagérément allongées par l’administration" et évoque en particulier le cas des enseignants affectés dans les académies de Créteil et de Versailles, auxquels "la démission comme la disponibilité, le mi‐temps ou le temps partiel sont refusés", alors que les témoignages vers l'association "ne cessent d’affluer depuis 2 ans". Actuellement, selon lui, le système de l'Éducation nationale ne permet qu’à 6% de ses effectifs de faire autre chose: inspecteur, chef d’établissement, direction d’école, postes spécifiques et en détachement.
Rémi Boyer évoque des initiatives positives néanmoins inappliquées: la loi du 3 août 2009 permettant un préavis de 3 mois aux agents publics pour réaliser leur mobilité, mais "toujours inappliquée pour 20% des personnels: les professeurs" et "l'idée du ministre Marylise Lebranchu de diversifier l’accès à la haute fonction publique avec des cadres venus du privé" et cite l'exemple de la Belgique, où "il suffit d’un mois de préavis pour déposer sa demande de disponibilité ou de démission et l'obtenir".
Cette tribune préfigure les débats qui pourront être tenus à l'occasion du 2e colloque de l'association, organisé le 6 mai prochain à Paris à la MGEN, sur le thème "Entrepreneur: un nouvel emploi d’avenir après prof?".
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Camille Pons