Apprentissage: un projet de fablab en Ariège pour revaloriser les métiers de l'artisanat d'art
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 23 avril 2015.
La chambre des métiers et de l'artisanat de l'Ariège (CMA) projette la création d'un fablab qui sera adossé au CFA de Foix. L'objectif, via la mise à disposition d'outils innovants, est, d'une part de susciter la créativité chez les artisans d'art, les échanges et la co-création notamment avec des architectes et designers et, d'autre part, de revaloriser l'image des formations en apprentissage. "Il s'agit de donner une image innovante de la formation d'apprentis alors qu'aujourd'hui encore les CFA pâtissent de l'image de jeunes en difficulté ou qui apprennent un minimum", explique Gérard Roux, le directeur du service économique et des territoires de la CMA. "Ce projet constituerait aussi un bon moyen de sauver des sections menacées, notamment dans les métiers du bois et les métiers du bâtiment, et les sections de bacs pros qui connaissent aussi des difficultés, surtout pour des raisons économiques, les entreprises n'ayant pas de visibilité suffisante pour recruter des apprentis sur deux ou trois ans". Un fablab permettrait également au CFA d'élargir son panel de formations, de se diversifier en proposant, par exemples, des initiations courtes ou des ateliers d'art au grand public. L'équipement constituerait donc aussi un formidable atout, selon lui, "pour la survie financière du CFA".
Pour développer ce projet qui sera soumis au vote des élus de la CMA, Gérard Roux s'appuie sur d'autres expériences, dont le fablab de Parthenay (Poitou-Charentes), dédié à la ferronnerie d'art et qui travaille en collaboration avec la CMA 79 (Deux-Sèvres). Un fablab qui a, selon lui, contribué "à booster la créativité des ferronniers et la formation".
Associer savoir-faire traditionnels et outils innovants
Si le concept est un peu "tarte à la crème", reconnaît le directeur, le projet se positionnerait ici de manière "originale", assure-t-il, en "associant savoir-faire traditionnels et outils innovants". Une imprimante 3D ainsi qu'un découpeuse plasma pour le fer comptent parmi les premiers équipements dont pourrait se doter ce fablab. Un terrain, acquis récemment par le CMA en bordure du CFA, pourra accueillir le local dédié, après la démolition du bâtiment actuellement sis sur ce terrain.
Cet équipement devrait bénéficier avant tout aux apprenants qui suivent des formations dans les métiers du bois et du fer, "notamment pour tout ce qui concerne l'agencement design et la ferronnerie", précise encore le directeur. Mais pas seulement. "On peut même imaginer que des métiers de l'alimentaire, par exemple, s'approprient ces outils numériques et utilisent l'imprimante 3D pour créer des moules en chocolat". Objectif étant, explique-t-il encore, "de favoriser un travail concret avec des outils qui permettent de créer des prototypes plus rapidement qu'avec des matériaux traditionnels, et permettent donc aux utilisateurs d'être plus créatifs". Ce qui constitue aussi un bon moyen, pour lui, "de redonner le goût de la fabrication".
Potentiellement, ce sont les 530 apprenants que compte le CFA (470 apprentis, 30 pré-apprentis et 30 adultes apprentis) qui pourront être bénéficiaires de l'équipement. Le directeur imagine aussi développer le principe de partenariats avec des porteurs de projets, principe déjà actif en lycée professionnel via les plates-formes technologiques, afin de permettre aux élèves de développer et tester des prototypes pour aider à l'innovation, notamment les PME et TPE qui disposent de peu de moyens.
Finaliser un programme et un cahier des charges pour début 2016
Les publics extérieurs et des artisans pourront aussi profiter de cet équipement dans le cadre de masterclass "durant lesquelles des intervenants pourront montrer leurs savoir-faire et faire des prototypes", poursuit le directeur. Pourront également être ciblés "les métiers du commerce, comme la bijouterie ou la pâtisserie, ou encore du bâtiment où la modélisation en 3D occupe également une place de plus en plus importante".
Gérard Roux prévoit l'organisation de visites à destination notamment des élus, dès le mois de juillet dans d'autres fablabs, en particulier à la Serre créative de Toulouse et au Pôle expérimental métiers d'art de Nontron et du Périgord Vert, ainsi que la constitution d'un groupe de travail composé d'élus de la CMA et de professionnels. Ce groupe devrait commencer, dès la rentrée 2015, à travailler sur un cahier des charges et à définir le programme du fablab. L'objectif étant de pouvoir, début 2016, "déposer à temps un dossier pour décrocher des fonds européens sur des programmes où le projet sera potentiellement éligible, certainement dans le cadre du FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural), sur des programmes liés aux massifs ou encore dans le cadre d'un partenariat interrégional avec la Catalogne", précise encore Gérard Roux. Le budget doit prévoir entre 30 et 50 000 euros pour les équipements, ainsi qu'une enveloppe pour l'animation. La construction du nouveau bâtiment pourrait quant à elle être confiée aux apprentis dans le cadre d'un chantier-école.
Camille Pons