Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Collège 2016 : les explications de vote des membres du CSE

Paru dans Scolaire le vendredi 10 avril 2015.

Les projets de décret et d'arrêté relatifs à la réforme du collège ont été approuvés par le CSE (Conseil supérieur de l'éducation) ce 10 avril. Le ministère avait organisé, exceptionnellement la possibilité, pour la presse, d'en rencontrer les membres. Voici des échos des explications de vote qu'ils ont pu donner.

Laurent Escure (UNSA-Education) : "Il est temps que le collège bouge" et permette que les élèves aient "enfin un parcours de réussite" correspondant à la "scolarité du socle". La réforme va "dans le bon sens, aussi imparfaite soit-elle", le "statu quo serait mortifère" car le collège tel qu'il est actuellement "ne fonctionne pas". Cela dit, le vote positif de  l'UNSA n'est pas "un chèque en blanc", même si "le dialogue social" qui a accompagné la rédaction des textes a été "exemplaire". La fédération sera attentive à la mise en oeuvre et aux modalités d'association des personnels.

Laurent Escure répond à un certain nombre des arguments des opposants à la réforme. L'autonomie laissée aux équipes pédagogiques n'est pas celle des chefs d'établissement qui "ne décident pas de tout". Il ne croit d'ailleurs pas que les enseignants soient en concurrence, ni qu'il y ait "une guerre entre les disciplines". En ce qui concerne les langues anciennes, "un équilibre a été trouvé" et il permet d'éviter que le latin soit utilisé pour constituer des "filières de niveau".

Quant à la participation à la grève hier, elle n'a eu qu'un "succès d'estime", et les enseignants doivent se méfier "des bruits et des rumeurs", des "emballements". La publication des textes permettra de "démêler le vrai du faux". Mais le responsable fédéral va plus loin dans l'analyse politique, il considère que "le vote majoritaire prend de plus en plus de force", donc que se constitue effectivement une force réformatrice, et d'autre part qu'en cas d'alternance en 2017, il y a "un risque" pour le collège. Il faut donc que les syndicalistes portent le débat dans les salles des professeurs, mais aussi devant "toute la société". Il estime que les organisations syndicales des enseignants forment aujourd'hui trois blocs, les réformistes (l'UNSA et le SGEN), ceux qui refusent tout (le SNALC et FO) et la FSU, qu'il appelle "le bloc de l'indécision".

Christian Chevalier (SE-UNSA) ajoute que le vote du CSE est "sans appel", et que seuls sont hostiles à ces textes des syndicats enseignants.

Frédéric Sève (SGEN-CFDT): Un amendement à l'article 10 du projet d'arrêté (qui prévoit que "l’établissement peut moduler la répartition du volume horaire hebdomadaire par discipline") en cadre l'application (cet amendement, porté par plusieurs syndicats, a été repris à son compte par l'administration, ndlr).

Valérie Marty (PEEP) s'est abstenue. "Certains aspects de la réforme vont dans le bon sens." La présidente de la fédération de parents d'élèves évoque les EPI (enseignements interdisciplinaires) et les horaires de langues vivantes, mais elle estime qu'il "manque beaucoup de choses" pour que le collège s'adapte à la diversité des élèves. Elle craint aussi la complexité de la mise en oeuvre dans les établissements.

Jean-Rémi Girard (SNALC) refuse que l'opposition de son syndicat à ce texte soit considérée comme une forme de "corporatisme" ou de refus d'évoluer, et il rappelle que son organisation a publié un projet de réforme du collège. Il fait valoir que l'ensemble des organisations syndicales qui ont voté contre ces deux textes représentent "80 % des enseignants du second degré". Le SNALC maintient son appel à la grève, le 13 mai ou un autre jour du mois de mai, selon ce que décidera l'intersyndicale qui se réunira après le CSE.

Roland Hubert (SNES) : "Nous n'avons pas été entendus". Pour le co-secrétaire général du syndicat FSU du second degré, les deux textes ont été élaborés au terme d'un "dialogue de sourds". Il craint une augmentation de la concurrence entre établissements, et, au sein des établissements, entre les disciplines. D'après les remontées du terrain, "les collègues sont au mieux dubitatifs, plutôt très inquiets, voire sidérés", et ils veulent comprendre pourquoi on leur prescrit, comme s'ils étaient incompétents, "une façon de faire cours" et des projets.

Le responsable syndical refuse de se voir taxer de partisan de l'immobilisme et il se défend d'être sur la même position que le SNALC pour qui l'inter-disciplinarité signifie "la casse des disciplines". Il estime d'ailleurs que le SNES, comme SUD d'ailleurs, avait réussi "à dépasser les oppositions du type interdisciplinarité vs disciplines, savoirs vs compétences ou enseignements théoriques vs enseignements pratiques. Mais la méthode choisie "relance tous ces faux débats", et c'est "un gâchis". Il se dit partisan de "l'autonomie pédagogique", et ajoute même "on ne demande que ça". Mais la multiplication des conseils de cycle et par discipline, donc des lieux de décision, tout comme le refus du cabinet de la ministre de revoir le mode de composition du conseil pédagogique, signifient que c'est, finalement, le chef d'établissement qui sera décisionnaire.

Interrogé par ToutEduc sur les raisons de l'opposition du SNES aux EPI, les enseignements interdisciplinaires, Roland Hubert met en avant le fait qu'ils soient organisés par thèmes, et non pas en partant d'un objet de savoir. Les élèves et les enseignants vont s'efforcer de rattacher, de façon plus ou moins artificielle, des disciplines à d'autres à travers une question de société, au lieu de voir comment un point du programme, par exemple le théorème de Pythagore, répondait en son temps à des besoins sociaux, et à quels besoins il répond aujourd'hui : "l'interdisciplinarité doit être une construction progressive, pour les élèves de 5ème, c'est perdu d'avance, c'est trop tôt pour un enseignement qui ressemblerait à des TPE" (les travaux pratiques encadrés en classe de 1ère, ndlr). Il s'inquiète de plus des modalités d'évaluation de ces EPI, dont on ne sait rien, mais il craint qui pourraient donner lieu à des exposés oraux superficiels.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →