Navigation et interaction dans un environnement virtuel favorisent l'engagement dans le savoir (recherche)
Paru dans Scolaire le jeudi 09 avril 2015.
L'utilisation des environnements de réalité virtuelle pour l'apprentissage peut contribuer à améliorer la motivation, l'engagement dans le savoir et la mémorisation des informations par les élèves, notamment grâce à la possibilité de navigation et d'interaction dans l'environnement. Tels sont les constats d'une doctorante de l'université de Lorraine (équipe PerSEUs), Julie Giraudon, dans un article publié le 8 avril 2015 sur le site de l'agence des usages TICE. Cette doctorante en ergonomie cognitive s'est penchée sur le résultat d'études et d'expériences menées dans le milieu de l'éducation, où les environnements de réalité virtuelle sont de plus en plus utilisés, notamment depuis une dizaine d'années dans l'enseignement de l'histoire ou des sciences. Ceux-ci, précise-t-elle, "offrent de nouvelles opportunités d'apprentissage" puisque "cette technologie est utilisée comme ressource d'information ou comme outil pédagogique où l'élève prend une part active dans l’apprentissage en interagissant avec le dispositif".
L'utilisation de ces environnements, explique-t-elle, peut-être "particulièrement indiquée pour l'enseignement de savoirs abstraits, ou nécessitant l'accès au terrain". C'est aussi un bon outil "pour dévoiler des caractéristiques du monde réel difficiles voire impossibles d'accès (par exemple, les abysses, l’espace, l’infiniment petit, l’infiniment grand, etc.)".
Des bénéfices grâce à "l'immersion, la présence et l'interactivité"
L'auteure met en avant des résultats issus d'études et d'expériences menées dans différents pays et auprès de différents publics, élèves du secondaire et du supérieur. Ainsi, en Corée, des chercheurs de l'Institut des sciences de l'éducation ont évalué, dès 2003, l'efficacité d’un environnement de réalité virtuelle dans l'apprentissage de la biologie pour des élèves de 15-16 ans, plus particulièrement pour enseigner la structure et la fonction de l'œil à travers un apprentissage participatif, les élèves pouvant interagir avec l'environnement en déplaçant le point de vue. En comparant deux groupes d'élèves, l'un qui avait assisté à un cours classique et l'autre qui avait eu recours à l'environnement virtuel, et qui ne montraient pas, en amont, de différences "significatives" en termes des connaissances, les chercheurs ont observé que les élèves du second groupe obtenaient de meilleurs résultats en termes d'acquisition de connaissances.
Ces bénéfices sont obtenus, analyse la chercheuse, "grâce aux caractéristiques mêmes de ce type de systèmes, à savoir: l'immersion, la présence et l'interactivité. En effet, la possibilité de navigation et d'interaction dans l'environnement offrent à l'apprenant plus de dynamisme et d'engagement".
Un apprentissage pas toujours plus efficace que l'enseignement traditionnel mais plus motivant
La doctorante indique aussi que "ce type d'enseignement peut également permettre d'acquérir des compétences transversales telles que la coopération ou de l'expérience de terrain". Elle évoque un dispositif mis en place par des chercheurs à l'université de St Andrew en Écosse, en 2006, pour des étudiants en archéologie. L'environnement de réalité virtuelle simulait des excavations réalistes où les étudiants pouvaient "coopérer dans la planification de leur démarche et l'exploration du lieu, et ce, n'importe quand, ce qui permet de coller au rythme d'apprentissage des élèves". Ces derniers devaient effectuer plusieurs tâches tout comme ils l'auraient fait "sur un site réel": "la planification des fouilles, le développement d’un plan d'excavation, les fouilles et les rapports correspondants". L'expérience a ainsi montré que "beaucoup de compétences ont été améliorées comme la communication et le travail en équipe, l'organisation et la prise de décision. Ainsi que des compétences plus spécifiques au domaine archéologique telles que la budgétisation, la planification des fouilles, la gestion et l'octroi des ressources".
Si la doctorante prône l'efficacité de l'apprentissage avec le système de réalité virtuelle, celle-ci indique, au regard d'une autre expérience menée en 2010 par une équipe de l'université polytechnique de Valence, que celle-ci n'est pas toujours "supérieure" "à l'enseignement traditionnel". En revanche, "les élèves ayant utilisé le système de réalité virtuelle ont déclaré avoir apprécié l'enseignement et s'y être engagés de façon plus forte que les élèves de l'autre groupe". Les chercheurs coréens avaient également évalué le rapport à cet outil et l'intérêt qu'il suscite en questionnant le groupe qui l'avait utilisé et les résultats montraient également "un fort intérêt à utiliser ce type de dispositif dans l'apprentissage de la biologie".
L'article ici
Camille Pons