Lycée - enseignement supérieur : "donner aux élèves les outils d'accès à l'information" et à l'orientation (G. Asseraf)
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 02 avril 2015.
"Apporter l'information sur l'orientation de la manière la moins stressante possible." George Asseraf était entendu, mercredi 25 mars, par la mission de l'Assemblée nationale qui se penche sur la liaison lycée - enseignement supérieur. Le directeur de l'ONISEP, l'Office national d'information sur les enseignements et les professions, répond aux questions de ToutEduc.
ToutEduc : Pourquoi les députés voulaient-ils vous entendre ?
George Asseraf : Notre rôle est d'apporter de l'information nécessaire et suffisante aux collégiens, aux lycéens, aux étudiants, et de les accompagner sur tout le parcours, de bac - 3 à bac +3 au moins, de la manière la moins stressante possible. Nous sommes en effet dans une situation paradoxale, la tension autour de l'orientation est très forte, les choix sont dramatisés, et en même temps, nous, adultes, portons un autre message, "vous serez amenés à changer plusieurs fois de métier, vos choix ne sont donc pas définitifs, et vous devez développer votre aptitude à vous adapter..."
ToutEduc : Quel impact ce discours a-t-il en termes de pédagogie ?
George Asseraf : L'Ecole n'est plus seulement un lieu où l'on acquiert des savoirs et des aptitudes à apprendre, mais aussi cette aptitude à s'adapter. Dès lors, il faut penser autrement l'échec, l'erreur change de statut, on ne se trompe pas, on expérimente et on évolue. Pour les enseignants, cela signifie un autre statut pour l'erreur.
ToutEduc : Et en termes d'orientation ?
George Asseraf : L'orientation est à la fois un parcours, un cheminement et un résultat. Les choix ne dépendent pas de nous, et en fin de troisième, ils sont surtout le fait des enseignants, en fonction du niveau scolaire des élèves. Les conséquences sont d'autant plus lourdes que l'offre de formation professionnelle, concrètement, sur le terrain, ne correspond pas toujours aux souhaits. Les affectations dans telle ou telle série de CAP sont parfois loin de correspondre aux goûts et aux choix des jeunes. Il y a encore un palier d'orientation après la seconde et un autre après la terminale. La multitude des métiers rend les parcours très compliqués, et cette complexité fait peur, en même temps qu'elle ouvre beaucoup de possibles.
ToutEduc : Votre rôle est donc de simplifier ?
George Asseraf : Nous devons simplifier les chemins d'accès, donner des outils, mais certainement pas présenter un paysage appauvri. Nous devons aussi tenir compte des modes d'accès nouveaux à l'information.
ToutEduc : Est-ce à dire que vous allez abandonner le papier ?
George Asseraf : Non. Nous nous adressons à la fois aux enseignants, aux élèves, aux parents, et aux conseillers d'orientation. La diversité des publics suppose la diversité des supports. Et en ce qui concerne les jeunes, ce qui compte, c'est qu'ils puissent aller chercher cette information de manière autonome, c'est qu'ils développent leur capacité à s'autonomiser, ce qui suppose aussi la diversité des supports.
ToutEduc : La réforme territoriale se met en place, ainsi que le SPRO, le service public régional d'orientation. Cela va-t-il vous amener à modifier l'organisation de l'ONISEP et de ses délégations régionales ?
George Asseraf : La réflexion n'a pas commencé. Nous savons combien il y aura de régions, mais nous ne savons pas quelle sera l’organisation pour l’éducation nationale. Y aura-t-il le même nombre d’académies ? Nous ne connaissons pas la cible. Toutefois nous devons nous préoccuper de ce changement de contexte d’autant que les questions d’orientation qui sont au cœur de nos missions sont réorganisées dans le cadre du SPRO. Nous devons donc imaginer dès à présent plusieurs scénarios, mais il est trop tôt pour penser en termes d'organisation.