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Enfance en danger : vers un outil statistique européen ? (Journée d’étude de l’ONED).

Paru dans Petite enfance, Périscolaire, Justice le samedi 21 mars 2015.

Si plusieurs pays ont élaboré un système d’observation statistique des populations d’enfants en danger et bénéficiant d’une mesure de protection de l’enfance, difficile de faire des comparaisons. La journée d’étude internationale, organisée par l’ONED (Observatoire national de l’enfance en danger), le 20 mars, au CNAM à Paris, a permis de donner la parole à plusieurs experts étrangers qui pilotent ces dispositifs afin qu’ils exposent aussi bien leurs apports que leurs limites.

Ces différents systèmes d’observation dépendent à la fois du contexte juridique, social et culturel du pays. Et, lorsque le pays a une structure fédérale, ils peuvent considérablement varier d’un Etat à un autre. John Fluke, un chercheur américain du Colorado, constate "de grands écarts de résultats entre Etats, selon la politique menée et selon les sources". Il note, par exemple, que "dans beaucoup d'Etats, les données provenant des services de santé sont toujours plus faibles que celles qui proviennent des services sociaux". L’observation est la même pour Mike Seckinger, responsable du groupe de travail "Structures d’aide à l’enfance et à la jeunesse" à l’Institut allemand de la jeunesse : "Les statistiques des hôpitaux, de la police et de la justice sont difficiles à interpréter, difficile aussi de lire les statistiques fédérales variables selon les remontées d’informations provenant des lander". 

Des comparaisons difficiles

Si certains pays ont des difficultés à élaborer un système d’observation fiable, ce n’est pas le cas du Danemark. "Nous sommes très axés sur les données", affirme Anne-Dorte Hestbaek, responsable de département au Centre national danois pour la recherche sociale. "Nous collectons toutes sortes de données aussi bien à partir d’études de cohortes que d’entretiens individuels. Nous avons un enquêteur dans chaque ville. Ils sont formés pour mener des entretiens par téléphone ou sur le net". Elle ajoute : "C’est vrai qu’on est un petit pays avec une tradition d’Etat providence mais grâce à toutes ces informations, on peut mettre en place des programmes reposant sur de réelles données factuelles. C’est ainsi qu’à la suite d’enquêtes sur le bien-être des enfants, on préfère les placements dans la famille étendue (oncle, tante, cousins…) aux placements dans des institutions".

George Nikolaidis, psychiatre, directeur du département de santé mentale et de travail social au Centre grec pour l’étude et la prévention des violences et négligences envers les enfants, a participé à une enquête menée dans neuf pays des Balkans dont les limites sont immédiatement apparues : "Dans certains pays, l’unité de référence était l’enfant, dans d’autres, c’était la victime ; la plupart des pays avaient des données agrégatives et les plus petits n’en avaient pas".

Un nouveau projet européen

Flora Bolter, chargée d’études à l’ONED, et Sakis Ntinapogias, psychologue, ont présenté le nouveau dispositif européen d’observation de l’enfance en danger intitulé CAN-MDS (Coordinated response to child abuse and neglect via minimum data set). Un projet d’envergure qui tente d’harmoniser les données : "Ce projet est particulièrement intéressant", souligne Flora Bolter. "Si tous les pays d’Europe produisent des rapports, on manque de données réellement comparables ; un dialogue entre acteurs et entre Etats est à créer pour clarifier les dispositifs, connaître les besoins, les réponses et les difficultés. Cette étude aura d’abord le mérite de dresser un état des lieux."

Saluant l’intérêt du projet CAN-MDS, Gilles Séraphin, le directeur de l’ONED, s’est néanmoins interrogé sur l’engagement immédiat de la France : "Nous ne savons pas si nous allons pouvoir rejoindre ce projet, si les standards vont correspondre aux nôtres et comment nous pourrons utiliser cet outil. Nous sommes en phase de test. Il reste à co-construire notre réponse."

 

 

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