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La réforme du collège sur les rails ? Najat Vallaud-Belkacem en dévoile les grands axes

Paru dans Scolaire le mercredi 11 mars 2015.

C'est le 10 avril que la réforme du collège sera débattue au CSE, le Conseil supérieur de l'éducation, un mois donc après avoir été présentée au Conseil des ministres par Najat Vallaud-Belkacem, ce 11 mars. Pour la ministre de l'Education nationale, "la consultation s'ouvre" avec les organisations syndicales tandis que les académies feront remonter "du terrain" les commentaires des enseignants, sans que soit pour autant prévue une journée banalisée pour qu'ils en débattent. C'est que les marges de manoeuvre sont limitées, les cadres sont fixés, et ce sont plus que de "grands axes". La période qui s'ouvre "doit permettre de rassembler et de mobiliser l’ensemble de la communauté éducative", précise la ministre. Autrement dit, des retouches, des ajustements et des précisions sont possibles, pas une négociation.

Najat Vallaud-Belkacem estime bénéficier d'une conjoncture particulièrement favorable, puisque cette réforme intervient en même temps que la publication d'un nouveau socle commun, annonciateur de nouveaux programmes, dans le cadre de la loi de refondation qui a réorganisé les cycles d'enseignement. Se mettent également en place de nouveaux parcours (orientation, artistiques et culturels, citoyens) et de nouvelles règles pour la carte scolaire, pour l'affectation des moyens et pour l'éducation prioritaire. Le grand plan numérique aura également un impact sur les pratiques pédagogiques, de même que les évolutions de l'évaluation et du DNB (le brevet). Najat Vallaud-Belkacem peut donc évoquer une cohérence d'ensemble, tandis que son entourage estime avoir évité les principaux obstacles, d'aucuns diraient les chiffons rouges à ne pas agiter, en ne touchant pas aux disciplines.

Sans toucher aux disciplines

La réforme crée en effet des EPI, ou "enseignements pratiques interdisciplinaires", qui seront intégrés dans les grilles horaires, et l'entourage de la ministres insiste, ils ne sont pas transdisciplinaires, qu'ils ne remettent pas en cause les spécificités de chacune des disciplines qui sont invitées à coopérer. De plus, cette réforme, en même temps qu'elle respecte la liberté pédagogique des enseignants, et qu'elle donne aux équipes des capacités d'initiative importantes, portant sur 20 % des horaires (au lieu de 7 % aujourd'hui), est très "cadrée". La ministre rejette notamment la proposition du SNPDEN de permettre aux établissements de prendre la main sur les grilles horaires.

Elle mise aussi sur un plan de formation "assez important" qui se fera "au sein des collèges" et fait remarquer que la "fiche métier" des inspecteurs a été revue et met l'accent sur leur fonction d'accompagnement. Elle ajoute que la réforme se fonde sur "ce qui marche sur le terrain", comme la mise en place d'une LV2 dès la 5ème dans l'académie de Toulouse. Elle part aussi du constat, partagé par les enseignants, d'une régression du niveau et d'un creusement des inégalités depuis 10 ans. Elle met d'ailleurs l'accent sur l'acquisition des "fondamentaux", sans pour autant prôner un retour aux "bonnes vieilles méthodes" (ou au redoublement) et en misant plutôt sur les pédagogies actives. Enfin, cette réforme est assortie de quelques moyens, 4 000 postes, soit 15 ou 16h environ de plus dans la DHG (dotation horaire globale) de chaque collège.

Le latin et le grec ne sont pas menacés

La réforme s'appuie donc sur de nouveaux programmes, notamment en français (avec une initiation pour tous aux langues anciennes et à l'étymologie), en maths (avec introduction du codage informatique) et en histoire (avec davantage de repères). Dans les horaires disciplinaires, pour les 5ème, 4ème, 3ème, sont donc prévus des EPI organisés en projets autour de huit thèmes, "développement durable ; sciences et société ; corps, santé et sécurité ; information, communication, citoyenneté ; culture et création artistiques ; monde économique et professionnel ; langues et cultures de l’Antiquité ; langues et cultures régionales et étrangères". Le thème "langues et cultures de l’Antiquité" permet de maintenir les enseignements actuels du latin, voire du grec.

L'enseignement de seconde langue vivante commence en 5ème, tandis que sera assurée la cohérence de l'enseignement de la 1ère langue vivante à partir du CP, à savoir l'anglais sauf dans les zones frontalières où l'allemand ou l'espagnol pourront être préférés. Pour ces élèves, l'enseignement de la seconde langue, obligatoirement l'anglais, démarrera en 6ème. La question des moyens affectés à cet enseignement de la seconde langue n'est pas tranchée, les discussions porteront d'ailleurs sur les grilles horaires de l'ensemble de l'enseignement des langues. D'autre part, les classes bilangues et européennes sont "rendues désuètes" par la réforme.

Second volet de cette réforme, l'accompagnement personnalisé et individualisé. Contrairement au dispositif précédent, critiqué par la Cour des comptes, il concerne tous les élèves, organisés en groupes, en fonction des besoins et sans définition a priori de leur taille. Il sera obligatoirement de 3h en 6ème, et d'au moins 1h dans les autres classes. Il portera essentiellement sur l'apprentissage du métier d'élève.

Les compétences nécessaires à l'insertion sociale

La ministre constate d'ailleurs que "tant d'élèves s'ennuient" au collège, qu'ils sont trop souvent dans une attitude passive, qu'ils passent la moitié de leur temps à prendre des notes... Elle compte sur le travail en groupe et sur projet, ainsi que sur la pratique de l'oral pour favoriser une plus grande confiance en soi et le développement des compétences nécessaires à une meilleure insertion professionnelle et sociale, comme l'ont réussi les Canadiens.

C'est peut-être d'ailleurs là, implicitement, le véritable enjeu de cette réforme, dont l'intitulé, "mieux apprendre pour mieux réussir", est beaucoup plus consensuel.

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