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Canopé et le CRAP invitent les enseignants à "refonder l’évaluation", M. Lussault donne les principes du CSP

Paru dans Scolaire le jeudi 12 février 2015.

"Evaluer, c’est chercher la valeur." Tous les participants à l’après-midi de réflexion organisée, le 11 février à Paris, par Canopé et le CRAP, intitulée "Refonder l’évaluation" sont tombés d’accord sur la remise en cause de l’évaluation actuelle. Des élèves, scolarisés en Ile-de-France, ont témoigné de leurs "mauvaises" expériences de l’évaluation. "La note, ça ne veut rien dire. Un 15 dans un lycée de seconde zone, ce n’est pas du tout la même chose que dans un autre lycée", constate une élève actuellement dans un micro lycée. "Dès qu’on a une mauvaise note, c’est fini, on se dit qu’il n’y pas moyen de se rattraper", enchaîne une élève de lycée professionnel. Elle ajoute : "En primaire et au collège, j’étais humiliée parce que j’avais de mauvaises notes en maths." Un autre élève en micro lycée trouve la note "stigmatisante". Il précise : "On n’est pas seulement là pour être noté mais pour apprendre des choses. Quand on a raté, la note ne sert à rien. Il faut nous donner la possibilité de recommencer."

Ces élèves ont pu rebondir. "Au lycée professionnel, c’est pas pareil. Les profs passent du temps avec nous, ils nous donnent de l’espoir, du courage. Ce n’est pas la note qui motive, c’est le dialogue avec les profs", constate l’élève de LP. «"Je ne sais pas si c’est parce qu’on est moins nombreux mais au micro lycée, on nous écoute… On considère l’élève en tant que personne", s’exclame une élève de micro lycée. "Il y a des élèves originaux qui sont bons en art, en musique… Il faut valoriser les talents !"

L’évaluation est un sujet de polémique dans tous les pays

Suite à ces témoignages, un premier débat a réuni Nathalie Mons, professeure de sociologie à l’Université de Cergy-Pontoise et présidente du CNESCO (conseil national de l’évaluation du système scolaire) et Roger-François Gauthier, IGAENR et membre du CSP (conseil supérieur des programmes).

Après s’être étonnée de l’absence de comparaisons internationales sur la manière dont on note dans la classe, Nathalie Mons a tenu à rassurer l’assistance : "A l’étranger, aussi, l’évaluation suscite de nombreuses polémiques." Certains pays ont supprimé les notes en primaire, d’autres utilisent les lettres ou les couleurs, les uns notent de 1 à 6, les autres de 1 à 100… Pour Nathalie Mons, "l’évaluation n’est pas qu’un débat de professionnels, la politique s’en empare. On peut ainsi constater que dans certains pays où des gouvernements conservateurs sont revenus au pouvoir, l’échelle de notes s’est resserrée et est devenue plus élitiste."

Tout en rappelant que les réflexions sur l’évaluation n’étaient pas nouvelles et qu’elles étaient souvent déformées par les médias, Roger-François Gauthier a remarqué que le CSP "liait enfin les programmes et l’évaluation". "Mais qu’allons-nous évaluer ?", s’interroge-t-il. "Valider les compétences du socle commun, ça veut dire quoi ? Aurons-nous un socle des pauvres et un socle des riches ? Est-ce que la validation doit être faite en noir et blanc ?" Autant de questions "qui ne sont pas tranchées" et qui, si elles ne l’étaient pas "rendrait caduque toute réforme du socle."

Pas de livret de compétences

Des praticiens ont alors fait part de projets mis en place pour évaluer "autrement". Professeurs d’histoire-géographie ou de SVT, ils ont tous insisté sur le travail collectif indispensable à la mise en place de nouvelles méthodes d’évaluation. Certains avouent s’être lancés dans l’évaluation par compétences "sans savoir vraiment comment faire" mais "simplement parce que ce n’était plus possible de continuer comme ça !" Ces enseignants affirment que ce mode d’évaluation ne leur prend pas plus de temps. Certains ont même "redécouvert" leur métier. "Il suffit d’expliquer aux parents qu’il s’agit d’une évaluation positive, de leur montrer tout ce que leur enfant a réussi", intervient une enseignante dans un collège expérimental.

Un optimisme qui n’a pas été toujours partagé par la salle. "La note est largement ancrée en nous", déclare une enseignante. "Il faudrait arriver à se déconstruire pour se reconstruire avec le nouveau système… Personnellement, je mets des notes mais je les accompagne de commentaires les plus personnalisés possible.". Un autre enseignant ajoute : "L’évaluation formative, de la 6e à la 4e, c’est bien. Mais en 3e, qu’est-ce qu’on fait ? Il faut bien en revenir à l’évaluation normative."

Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes, a annoncé quelques grands principes sur lesquels devraient reposer l’évaluation dans le nouveau socle commun : "On rappellera que l’évaluation doit être juste et équitable, fondée sur ce que l’élève maîtrise et non pas sur ce qu’il sait. On doit prendre en compte l’ensemble de ce que nous enseignons. Il n’y aura pas de proposition de carnet de compétences ou de grille d’évaluation dans le socle. La bonne évaluation se fait en fonction des élèves et de leur parcours. Nous voulons privilégier le travail collectif dans les établissements en matière d’évaluation."

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