Quelle conception du métier enseignant se font les jurys du CAPES ?
Paru dans Scolaire le jeudi 12 février 2015.
Le jury du CAPES de lettres modernes, en 2014 se plaint d'avoir "vu ressurgir en masse des 'adjectifs possessifs ou démonstratifs', depuis longtemps et légitimement disparus de la terminologie officielle", mais lui-même parle des CEFISEM, les centres d'information et de formation pour la scolarisation des enfants de migrants, lesquels ont pourtant disparu au profit des CASNAV, les ""centres académiques pour la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs", nous signale un lecteur de ToutEduc qui s'inquiète de certaines perles qu'il a trouvées dans ces rapports.
C'est ainsi que le jury du CAPES d’histoire-géographie assure que ce concours ouvre la voie aux classes préparatoires et à l'enseignement supérieur, voire à des "postes à responsabilité" dans le système éducatif, mais passe sous silence la vocation première du concours, assurer le recrutement d'enseignants dans les collèges et lycées, y compris dans les établissements relevant de l'éducation prioriaire, qui n'est pas mentionnée.
A l'oral, il est prévu qu'un entretien permette d'évaluer "la capacité du candidat à prendre en compte les acquis et les besoins des élèves, à se représenter la diversité des conditions d’exercice de son métier futur, à en connaître de façon réfléchie le contexte dans ses différentes dimensions (...) et les valeurs qui le portent, dont celles de la République", mais le jury d'histoire-géographie semble limiter la professionnalisation à "la maîtrise scientifique des savoirs enseignés" et à "la compréhension du principe de leur transmission". La plupart des rapports n'évoque pas la laïcité, qui n'est citée que par les jurys de lettres modernes et d’histoire-géographi. De même seuls, les jurys de mathématiques et de lettres modernes signalent avoir interrogé les candidats sur les conditions d’exercice du métier, les procédures disciplinaires, les relations avec les parents d’élèves, l’accès des filles aux filières scientifiques ou la scolarisation des élèves porteurs de handicap". Aucun jury ne mentionne de questions sur la liaison entre l'école et le collège, et seul le jury de SVT (sciences de la vie et de la Terre) s'inquiète d'avoir trouvé chez les candidats une vision de l'établissement "trop souvent caricaturale et stéréotypée", sans mention des "interactions qui peuvent exister entre les différents acteurs de la communauté éducative".