Les femmes non-diplômées ont plus intérêt à décrocher un diplôme que les hommes (CEREQ)
Paru dans Orientation le mardi 10 février 2015.
Pour les jeunes femmes sorties du système scolaire non-diplômées, l'obtention d'un diplôme augmente significativement leurs chances d'accéder à un emploi, souvent mieux qualifié et mieux rémunéré, ce qui n'est pas le cas chez les hommes, selon une étude publiée dans un Bref du CEREQ. "Toutes choses étant égales par ailleurs, les femmes diplômées ont deux fois plus de chances d'occuper un emploi qualifié que les non-diplômées. Cela se traduit sur les salaires, les diplômées ayant 1,5 fois plus de chances d'avoir une rémunération sensiblement supérieure au SMIC", notent les auteurs du rapport, Céline Goffette et Isabelle Recotillet. "Chez les hommes, les diplômés ont 1,2 fois plus de chances d'accéder à un emploi qualifié mais cela ne se traduit nullement par une reconnaissance salariale et leur probabilité d'être hors de l'emploi n'est pas significativement réduite", poursuivent-elles, s'appuyant sur les résultats d'une enquête menée de 2004 à 2011.
Sans expliquer fondamentalement cet écart, le document émet l'hypothèse que les femmes s'orienteraient davantage vers des "emplois réglementés du secteur sanitaire et social", où le diplôme est un critère discriminant pour l'accès au travail. De manière générale, cependant, le rapport s'interroge sur les conditions qui rendent l'acquisition d'une qualification "rentable", invitant à "analyser plus finement" l'impact des diplômes selon le profil de celui qui l'obtient (décrocheur au collège ou au second degré, homme ou femme, spécialité choisie, ou encore raisons de la sortie du système éducatif).
Il relève que 40 % des jeunes qui étaient au chômage avant de décrocher un diplôme estiment que cela leur a permis de trouver un emploi. "Dans la moitié des cas, il a aussi favorisé l'apprentissage d'un nouveau métier ou/et une reconversion", poursuit le rapport. Quand aux jeunes qui avaient déjà un travail, 4 sur 10 "estiment que le diplôme leur a permis d'apprendre un nouveau métier ou de se reconvertir. Cela leur ouvre également des possibilités d'évolution, dans leur entreprise ou ailleurs", selon l'étude.
Un quart des jeunes obtiennent un diplôme
En France, 620 000 jeunes de 18 à 24 ans sont en dehors de tout système de formation et sans diplôme du second cycle du secondaire. L'Hexagone s'est engagé à réduire ce nombre à un taux inférieur à 9,5% d'ici 2020. Un décret de décembre 2014, dans la suite de la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'Ecole de la République, prévoit ainsi un "droit à un complément de formation qualifiante". Les jeunes de 16 à 25 ans sans diplôme auront la possibilité de demander un entretien avec un représentant du service public régional d'orientation afin de choisir la formation la plus adpatée à leur profil et leur projet.
L'enquête du CEREQ révèle cependant que, sur les 123 000 jeunes qui ont quitté le système scolaire sans diplôme en 2004, dont 2/3 étaient des hommes, un quart ont décroché un diplôme dans les sept années qui ont suivi, sans attendre donc que le dispositif étatique soit mis en oeuvre. "Près d'un quart des acquisitions de diplôme interviennent dans les deux années suivant la sortie du système éducatif. En moyenne, il s'écoule un peu moins de quatre ans entre l'arrêt des études et l'obtention du diplôme", souligne le texte.
Quant à la formation, beaucoup optent pour l'alternance (21%) pour obtenir une qualification; seuls 7% empruntent la voie d'un retour aux études à temps plein. La plupart des non-diplômés (31%) choisissent une formation continue dans les entreprises, rarement qualifiante, et 27% s'engagent dans des stages de formation lors de leurs périodes hors de l'emploi.
"Décrocher un diplôme, une deuxième chance pour l'insertion des non-diplômés ?", sur le site du CEREQ, ici