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Harcèlement : contre la "loi du silence", responsabiliser les élèves

Paru dans Scolaire le vendredi 06 février 2015.

"Il ne faut pas laisser la loi du silence, la loi du tabou, s'installer", a martelé la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem en visite ce vendredi 6 janvier dans un collège parisien autour de la question du harcèlement à l'école. Pour cela, il est fondamental de sensibiliser, d'écouter, d'accompagner mais surtout de responsabiliser les élèves, selon les professionnels de l'éducation présents, qui ont tous salué les progrès effectués sur ce sujet depuis trois ans.

"On a besoin d'adultes debouts", c'est-à-dire d'enseignants et de parents qui savent comment réagir dans les situations de harcèlement scolaire "mais on a aussi besoin d'élèves" formés, explique Eric Debarbieux, délégué ministériel en charge de cette question. Plutôt que de livrer de grands discours, Laurence Bidar, principale du collège Gustave Flaubert, insiste sur cette "responsabilisation" des élèves, qui remobilise la classe. "La médiation par les pairs", c'est l'occason de leur dire : "vous êtes capables de régler par vous-mêmes certaines questions", selon elle, et d'agrandir le cercle des personnes à qui parler, l'adulte paraissant souvent lointain et imposant. Les élèves reçoivent ainsi une heure d'initiation et les volontaires, une trentaine, ont droit à 15 heures de formation. 

Contre le silence dans lequel s'isolent souvent les victimes de harcèlement, par peur d'être une "balance" ou un "rapporteur", les principaux mettent en avant le climat de confiance qu'ils essaient de créer dans leur établissement. D'autres acteurs peuvent intervenir pour parler aux élèves. Laurence Tartour, de l'association Initiadroit, passe ainsi dans les classes pour informer les enfants de leurs droits, dans le cadre d'un partenariat entre le ministère de la Justice et le ministère de l'Education nationale et Carole Damiani, de l'association Paris Aide aux Victimes, s'attache à parler aux plus petits, en maternelle, avec un juriste et un psychologue. 

"Le mal de tête du lundi matin"

C'est au collège que le harcèlement est le plus prégnant : 7% des élèves affirment subir un harcèlement sévère, et en tout, ce sont 10% des adolescents qui sont victimes de harcèlement modéré (enquêtes 2011 et 2013 de la DEPP, le service statistique de l'Education nationale). Les violences, répétées, ont lieu dans l'établissement mais aussi à la cantine ou dans les activités sportives, rappelle Valérie Marty, présidente de la PEEP (Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public) et sur Internet, où la cyberviolence touche davantage que le cyberharcèlement, selon Eric Debarbieux. 

Comment, en tant que parents, s'en rendre compte ? Eric Debarbieux préconise des approches détournées : "J'ai entendu parler de ça, est-ce que ça arrive dans ton école ?". Les signes sont "faibles", reconnaît-il : "c'est la colique du dimanche soir, le mal de tête du lundi matin", la "baisse des résultats scolaires", une "coupure avec le monde qui l'environne" et surtout l'absentéisme : selon lui, 24% des grands absentéistes le sont à cause du harcèlement.  

Des outils variés

En 2011, l'Education nationale a lancé la première campagne de lutte contre le harcèlement à l'école et mis en place un réseau de référents "harcèlement" dans les académies, qui sont aujourd'hui plus de 200, indique Alice Giranlé, coordinatrice de cette politique. Un concours a également été imaginé pour faire travailler les élèves autour d'un projet de lutte contre le harcèlement. Une page Facebook a été créée (https://www.facebook.com/agircontreleharcelementalecole) et deux numéros verts sont disponibles, un numéro national (0808 807 010) et un numéro spécifique pour les cyberviolence (0800200 000), géré par l'association E-Enfance. Elle emploie des jeunes en service civique pour intervenir rapidement mais aussi faire un travail de formation des élèves à l'utilisation des réseaux sociaux et notamment la possibilité de signaler certains abus. 

La ministre a ainsi salué la "réserve citoyenne" dont la création a été confirmée jeudi par le chef de l'Etat car "on manque de bras parfois pour venir dans les établissements scolaires". Elle a par ailleurs fait part de sa volonté de monter une "journée de sensibilisation" afin que "toute la société, dans son ensemble, en prenne conscience" et la distribution d'outils pédagogiques et de guides dans les établissements. "Nous avons accumulé du retard", a-t-elle admis, tout en soulignant que, depuis trois ans, "c'est beaucoup mieux". 

Clothilde Mraffko

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