Journée de réflexion à l’Anacej : les animateurs s’interrogent sur le vivre ensemble
Paru dans Périscolaire le jeudi 05 février 2015.
"Avons-nous raté quelques chose ?", se sont demandé les animateurs réunis le 5 février au siège de l’ANACEJ (association nationale des conseils d’enfants et de jeunes). Venus d’Ile-de France et du Nord-Pas-de-Calais, ils participaient à une journée d’échanges sur les réactions observées suite aux évènements de début janvier. Manifestement "touchés" et pour certains "un peu perdus" devant certaines réactions des jeunes qu’ils côtoient tous les jours, ils éprouvaient un "réel besoin de se rencontre".
"J’ai tout de suite pensé à ceux qui n’étaient pas à la manif… A ceux qui disaient la religion, c’est du sacré, on ne touche pas", témoigne une animatrice. "Un jeune parfaitement intégré m’a tout de suite dit : pourquoi on ne fait pas une minute de silence pour la Palestine", ajoute un de ses collègues. Une autre animatrice dans une maison des jeunes raconte que les affiches "Je suis Charlie", à peine posées, ont été immédiatement arrachées.
Tout va trop vite
Et pourtant, tous les participants à ce débat organisent régulièrement des réunions ou des évènements autour de la laïcité, la citoyenneté, les valeurs de la République, le vivre ensemble… Alors que s’est-il passé, qui est responsable ? "Dans les médias tout est mélangé", constate un animateur d’un conseil local de jeunes. "Tout va trop vite. Les jeunes ne supportent pas le traitement médiatique qui les stigmatise, alors ils vont chercher ailleurs… Ils cèdent à la facilité, croient à la théorie du complot pour faire comme leurs copains, il ne faut surtout pas dénoter !"
"Il faut aussi se demander comment est enseignée la citoyenneté aujourd’hui", constate une autre animatrice, "c’est au programme mais ce n’est pas fait… Un jeune m’a répondu récemment que la citoyenneté, c’était ne pas cracher par terre."
Une vraie concertation, ce serait quand même mieux
Pas question pour autant de s’en prendre aux enseignants pour qui "c’est aussi difficile" et qui "ne sont pas formés pour ça". Pas question non plus de viser les parents qui "vivent aujourd’hui une vie compliquée". Mais quand même, "s’il y avait une vraie concertation entre les animateurs, les enseignants et les parents, ce serait quand même mieux. D’ailleurs la loi sur la refondation de l’école nous en donne l’occasion, à nous de la saisir."
Des animateurs qui en viennent à s’interroger sur leur métier. "Quelle existence, quelle reconnaissance on a entre le loisir et l’éducation ? Les parents ne font pas la différence entre le centre de loisirs et la garderie !" s’exclame une animatrice. "La filière animation n’est pas vraiment reconnue avec un parcours de formation clair et un diplôme."
Après tous ces échanges jugés "très utiles", un animateur conclut : "En fait, on n’a rien raté, j’ai aussi des tas de retours positifs mais ils ne sont pas quantifiables. A nous de mieux communiquer sur ce qu’on fait, on doit s’adapter puisqu’on est à l’ère de la communication !"
Colette Paris