Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

"Il faut universitariser le lycée." R-F Gauthier (devant la mission d'information sur les liens entre le lycée et l'enseignement supérieur)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 05 février 2015.

Pour Roger-François Gauthier, nous assistons à une "accumulation de symptômes" sur le baccalauréat et le lycée telle que la question de leur réforme est nécessairement posée. L'inspecteur général, membre du CSP (Conseil supérieur des programmes) était entendu, ce 5 février, par la "mission d’information sur les liens entre le lycée et l’enseignement supérieur" de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l'Assemblée nationale. Il décrit le baccalauréat comme "un superbe outil qui ne nous dit pas grand chose", puisque les élèves peuvent "compenser tout par tout" et qu'ils savent "qu'ils l'auront à la moyenne". Quelque 22 % des bacheliers L ont d'ailleurs eu moins de 10 dans deux des épreuves majeures de leur série. Les lycées sont, de fait, ségrégués puisque le logiciel Affelnet répartit les élèves en fonction de leurs notes. Ceux-ci ne se retrouvent dans la série qu'ils ont choisie, et ceux qui le peuvent sont en S pour retarder le moment de leur choix, ou pour accéder à une filière sélective, même si elle n'est pas scientifique. Le baccalauréat devrait avoir "une valeur certificative meilleure". Son obtention ne donne d'ailleurs pas lieu à des manifestations festives, puisque l'essentiel se passe ailleurs, dans le processus APB (admission post bac). "C'est un jeu qui n'est pas clair."

Roger-François Gauthier ne se fait pas d'illusions, réformer le lycée sera très difficile. C'est une question dont le CSP n'est pas saisi par la ministre, mais dont il pourrait s'auto-saisir, comme le souhaite son président. Elle est redoutable. La logique de l'enseignement général est surdéterminée par celle des CPGE, les classes préparatoires aux grandes écoles, donc à des concours pour lesquels le système de la moyenne est tout à fait satisfaisant. Mais peut-on continuer à définir les programmes d'Histoire ou de Mathématiques uniquement en fonction de la tradition du second degré et des CPGE, fondée sur la transmission de contenus d'enseignement par des enseignants qui ne sont pas des chercheurs, donc sans prise de distance, "sans réflexion sur ce qu'est l'Histoire"... ?

Une méconnaissance réciproque

L'inspecteur général met aussi en cause la méconnaissance réciproque des deux niveaux d'enseignement. Il a assisté à une réunion d'information sur l'orientation des élèves de terminale où, en deux heures, le mot université n'a pas été prononcé une seule fois. A l'inverse, lorsque les universitaires ont eu l'occasion de se rendre dans des lycées dans le cadre de "l'orientation active", ils n'ont pas démontré une connaissance fine du lycée. Le rapport des inspections générales sur le sujet n'a jamais été publié. Pourtant, "il y a beaucoup à faire pour améliorer le regard de l'université sur le lycée", d'autant que s'affrontent "deux conceptions de l'orientation", "tu vas là" dans le secondaire, et "tout le contraire" à l'université.

Beaucoup de lycéens y choisissent des disciplines qu'ils ne connaissent pas, droit, médecine, psychologie, sociologie... En Angleterre, les élèves ont au lycée le choix entre 80 enseignements, y compris le droit et l'anthropologie. Ce n'est pas nécessairement ce qu'ils étudieront ensuite, mais le fait d'avoir travaillé "en profondeur un petit nombre de matières" les préparerait mieux à l'enseignement supérieur. "On a vu les limites de ce modèle, mais il doit nous faire réfléchir". Car si R-F Gauthier ne prône pas la suppression du bac, loin de là, il considère que les modalités mises en oeuvre dans d'autres pays européens peuvent éclairer le débat. En Italie par exemple, l'une des épreuves, le colloquio, est "un petit grand oral" à caractère interdisciplinaire. Et, partout, "on fait beaucoup plus confiance aux professeurs".

La logique du socle commun et des enseignements au choix

Pour lutter contre la ségrégation scolaire, nous pourrions nous inspirer de ce que font les Ecossais, exactement l'inverse de ce que font les Anglais : une carte scolaire impérative, des efforts pour que tous les établissements soient réellement équivalents, et pour les y aider, des auto-évaluations organisées avec des questionnaires "très bien faits". Mais, "le système français ne cherche pas cette voie". Roger-François Gauthier attend en revanche beaucoup du socle commun, même s'il ignore "ce que l'institution en fera" et si "la société y croira".

On pourrait imaginer que l'élève qui a validé le socle s'oriente librement ensuite. Et que prévale au lycée "une logique de socle", qui est intéressante, mais qui ne couvrirait pas "tout le champ", les élèves pouvant approfondir "deux ou trois enseignements divers" de leur choix et, en poussant à l'extrême, pourquoi pas "danse et productique"? "Il faut universitariser le lycée."

Cette audience n'était pas filmée et n'est donc pas disponible sur le site de l'Assemblée nationale.

 

 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →