Grande mobilisation : la presse est concernée par la défense des valeurs de la République, journaux lycéens compris
Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 19 janvier 2015.
"Oui, j'ai participé à un journal quand j'étais élève au collège. J'en ai un très bon souvenir", répond Najat Vallaud-Belkacem à une élève qui l'interviewe pour le journal du lycée Martin Luther King de Bussy-Saint-Georges. La ministre de l'Education nationale visitait une exposition de dessins réalisés par Charb quand celui-ci 
était collégien, puis lycéen, et ceux de ses jeunes confrères. Elle avait préalablement réuni le CLEMI (Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information) avec tout son conseil de perfectionnement et plusieurs directeurs de publication. Si elle a refusé de répondre aux questions sur la gestion de la liberté d'expression dans les établissements, elle a évoqué, en se référant à ses souvenirs, l'importance pour des élèves de participer à une telle expérience collective pour "y voir plus clair". Elle ajoute "plus on prend de responsabilités, plus on est regardé autrement", notamment par le chef d'établissement, et "plus on a le droit à la parole".
Tous les participants à la réunion soulignent que la ministre les a écoutés attentivement. Jérôme Saltet (éditions Play Bac) ajoute que les différents acteurs, il pense aux syndicats membres du conseil de perfectionnement, "n'étaient pas dans leur rôle habituel", à demander "plus de moyens par exemple". Edwy Plenel (Mediapart) suggère qu'une journée de réflexion permette, dans les quatre mois qui viennent, de réunir les représentants de l'Ecole et ceux des médias pour discuter ensemble du respect, par les uns et les autres, des valeurs de la République. La ministre y serait favorable. Elle serait de même favorable à un renforcement du CLEMI sur le territoire national, ses implantations étant très inégales.
Les médias peuvent aussi s'interroger sur la manière dont ils ont rapporté les réactions des élèves, ne s'intéressant qu'aux incidents, et refusant les témoignages d'enseignants qui disaient comment les choses s'étaient bien passées dans leurs classes, relèvent les représentants du SE-UNSA. L'association "enjeux e-medias" s'inquiète d'ailleurs du risque d'une juxtaposition des réponses aux questions que se posent les élèves, et les jeunes. Pour Christine Menzaghi (Ligue de l'enseignement), "il ne faudrait pas que chacun poursuive dans sa logique", il s'agit bien de promouvoir une co-éducation, qui implique les médias, l'Ecole, les structures péri- et extra-scolaires... avec une difficulté, que relève Christian Gautellier : comment sortir du carcan des horaires, le système "une heure - un cours" ne permettant pas de travailler sur la longueur ?
Et il semble bien que ce soit nécessaire. Comme le dit une élève de terminale (lycée Claude Monet à Paris), les questions liées à la liberté d'expression sont "super compliquées", et il faut, dès le collège, en expliquer le sens aux élèves, d'autant que "les parents et les amis ont plus d'influence que les profs vus comme les représentants de l'autorité" que les adolescents contestent spontanément.
Le CLEMI aimerait recevoir la totalité de ces journaux, et il sait bien que certains lui échappent, mais il note qu'ils restent rares en dehors du système scolaire. Il n'en connaît que deux dans des CFA (centres de formation des apprentis). Pascal Famery qui en gère le dépôt estime pourtant à "3 ou 4" le nombre de ceux qui sont l'oeuvre de jeunes en maison d'arrêt. Si le nombre des journaux lycéens (quelque 300 chaque année) est plutôt en augmentation, le nombre des journaux collégiens (400 environ) stagne, voire régresse, et celui des journaux scolaires (200 environ) a nettement diminué avec la suppression du samedi matin. La réforme des rythmes scolaires le fera-t-il remonter ?
Voir aussi, sur les journaux scolaires, collégiens et lycéens ToutEduc ici