L'établissement scolaire, lieu de formation pour tous les enseignants
Paru dans Scolaire le samedi 17 janvier 2015.
"Formation, l'affaire de tous ? Vers des établissements scolaires formateurs", c'était le titre du colloque qu'organisaient ce samedi 17 janvier l'AFAE (Association française des acteurs de l'éducation), Education & Devenir et le CRAP (Cercle de recherche et d'action pédagogique)- Cahiers pédagogiques. Dès le début du colloque, le tableau est brossé: l'établissement est un lieu de professionnalisation des enseignants tout au long de leur vie car la formation est un processus continu, qui concerne aussi bien les débutants que les personnels chevronnés : enseigner , ça s'apprend aussi collectivement et en interaction. C'est ce qui est réalisé, par exemple, au collège en éducation prioritaire Garcia Lorca de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis (ici) ou encore au collège, également en éducation prioritaire, Le Village à Trappes, dans les Yvelines, autour de la question de "l'éducation à l'empathie par le corps" dans le cadre d'un travail avec l'Université du Maine (ici).
Ceci appelle, parmi d'autres points, la nécessité d'une forte implication de l'équipe de pilotage de l'établissement, l'intégration des heures de formation dans l'emploi du temps hebdomadaire ou annuel, la sélection des périodes les plus favorables de l'année scolaire, une offre de formation selon plusieurs logiques (individuelles et collectives, disciplinaires et transversales, etc.), la constitution d'équipes de tuteurs, la réflexion sur le fait qu'un bon professeur n'est pas forcément un bon formateur...
Une dynamique
L'établissement devient ainsi "formateur" , "apprenant", mais c'est quelque chose qui se construit, "s'apprend". Un tel établissement, d'une part, réduit les inégalités en termes d'accueil et d'accompagnement pour les enseignants débutants et ce, avec une structure "hospitalière" et "nourricière". Et, d'autre part, il déclenche une dynamique qui revivifie les pratiques: pour l'établissement lui-même; pour le réseau de formation dans lequel il entre; pour les relations au niveau des établissements du bassin avec des plans locaux de formation des personnels.
On passe ainsi à une conception heuristique de l'établissement scolaire, où on est moins dans l'anticipation de l'idéal que dans le soutien au présent, l'établissement devenant un lieu de formation et de travail collectifs. Un lieu à la fois "conservatoire"( la mémoire afin de ne pas tout recommencer à zéro à chaque fois), "observatoire" (remise en question de ce qui est vu comme "allant de soi"), "laboratoire" (prise de risques). Un lieu où le chef d'établissement respecte les instances, tient compte des dissensus, applique les décisions. Un lieu de délégation, de confiance, d'évaluation partagé, ce qui permet la durée au-delà des changements de personnes.
Modifier la vision de la formation initiale
De la consultation des participant(e)s au colloque émergent des pistes qui sont, notamment: modifier la vision que les enseignants ont de la formation initiale afin qu'ils considèrent qu'elle ne représente pas, à elle-seule, toute la formation; toujours pour la formation initiale, l'amener à se distancier du disciplinaire et faire qu'elle se préoccupe de former à la transmission de valeurs; coordonner établissements et ESPE; s'inscrire dans le réseau local et le bassin; pour ce qui est de la recherche (y compris la recherche-action), l'intégrer comme une composante du métier d'enseignant.
Par ailleurs, deux préoccupations se font jour: la difficulté pour nombre d'écoles à entrer dans le processus; la certification des formateurs.
Enfin, ouvrir la formation aux associations et mouvements pédagogiques, rendre la formation obligatoire dans la carrière des enseignants (avec un droit à celle-ci qui soit opposable), sont deux idées fortes affirmées d'entrée de jeu à l'ouverture du colloque.
Les sites de l'AFAE ici, d'Education & Devenir ici, du CRAP-Cahiers pédagogiques ici.
Arnold Bac