Les enseignants doivent-ils avoir recours aux écrans, alors que les TICE modifient le cerveau des jeunes ? Une controverse américaine
Paru dans Scolaire le jeudi 08 janvier 2015.
Les enseignants doivent-ils intégrer les TICE à leur enseignement, et contribuer ainsi à modifier le cerveau de leurs élèves ? La controverse est importante aux USA, si l'on en croit le site "The Atlantic" qui se fait l'écho des positions de Gary Small (University of California) et de Daniel Willingham (University of Virginia). Le premier trouve difficile d'imaginer que la manière dont on fait fonctionner son cerveau durant l'adolescence n'a pas d'effet sur le développement des capacités cognitives, essentiellement la mémoire, l'attention, la prise en compte des consignes... Le magazine en ligne traduit : "Si vous passez votre jeunesse face aux écrans, il est vraisemblable que votre cerveau adulte sera programmé pour traiter l'information à un rythme frénétique".
Une étude a montré que des jeunes de terminale ("college students") vont sur leurs claviers pour des raisons non scolaires, en moyenne 11 fois par jour, une autre que les adolescents accros à Internet voient leurs circuits neuronaux altérés, une troisième que les compétences des enfants sont altérées après qu'ils ont vu le dessin animé "Bob l'éponge"... Mais Daniel Willingham estime qu'il est trop tôt pour tirer des enseignements sur les effets à long terme de l'usage des TIC. D'ailleurs, si toutes ces études étaient fondées, nous assisterions à une chute spectaculaires des résultats scolaires aux tests standardisés, ce qui n'est pas le cas.
Mais il semble ne pas faire de doute que le cerveau est modifié par la pratique des écrans. A preuve, les chirurgiens qui jouent aux jeux vidéos commettent moins d'erreurs dans la salle d'opération que leurs collègues, et le jeu "NeuroRacer" augmente les facultés multitâches des adultes. Daniel Willingham attire l'attention sur un autre risque, que les jeunes ne supportent plus le moindre temps mort, et les moments d'ennui. "Ils pensent que tout devrait toujours être intéressant."
Le site The Atlantic ici