Coiffure : vers la création d'un "bac pro" ? (rapport)
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 06 janvier 2015.
Faut-il créer un baccalauréat professionnel "coiffure" ? C'est au minimum une hypothèse, et même une préconisation du cabinet CG Conseil, dont le rapport est publié par le ministère de l'Education nationale (bureau des diplômes professionnels) sans que ses conclusions engagent l'administration. Mais pour les deux auteures, Catherine Gay et Fanny Montarello, il est clair que le secteur "est confronté à des enjeux majeurs en matière de rentabilité économique, de positionnement commercial et d'adaptation au consommateur". Alors que jeunes et adultes qui sont susceptibles de créer ou de reprendre une entreprise doivent acquérir des compétences nouvelles, d'autres, qui s'engagent dans un CAP alors qu'ils sont en difficulté scolaire n'ont pas le temps d'acquérir les compétences techniques de base.
Le CAP d'ailleurs "ne joue pas véritablement son rôle de diplôme d'insertion". Quant aux mentions complémentaires, qui "semblent favoriser l'insertion professionnelle pour les candidats les plus en difficulté, leur positionnement serait "à retravailler et à rendre plus lisible". Il faudrait, pour les candidats à un niveau V, "centrer davantage les apprentissages sur les compétences techniques de base" et "ouvrir les apprentissages sur des compétences transverses", transférables dans d'autres métiers, "en particulier la relation client". Et surtout, souligne le rapport, la profession manque "d'outils d'évaluation très ciblés", qui seraient partagés par les établissements scolaires et les entreprises. Ils "éclaireraient également les actions d'évaluation finales, aujourd'hui décriées par les professionnels". Les auteures attirent également l'attention sur la prise en compte "des compétences nécessaires à l'exercice hors salon", à domicile ou dans des résidences.
Et pour "ouvrir les viviers de recrutement et favoriser l'acquisition des compétences nécessaires à l'installation", le rapport évoque la création d'un baccalauréat professionnel, sans préciser s'il se substituerait au brevet professionnel, lequel "reste insuffisant pour viser une installation". Ce bac serait préparé par la voie de l'apprentissage, par la voie scolaire ou par la voie de la formation continue... Mais son articulation avec le BTS nouvellement créé reste "à préciser".
Car, sans dramatiser, les deux auteures soulignent "le paradoxe qui se fait jour, entre des parcours de formation parfois longs, pouvant s'étaler jusqu'à 5 ans pour les jeunes enchaînant CAP, mention complémentaire puis BP et le niveau de compétences techniques atteint en fin de parcours". Elles soulignent également, pour les jeunes "issus de la voie générale avec un projet solide d'insertion professionnelle et d'installation", le manque de formation à des enjeux économiques nouveaux.
"Le secteur de la coiffure : évolution des métiers et des emplois, état des lieux et perspectives, conséquences sur l'offre de diplômes", CPC études.