Dernier mot aux parents : une réforme insuffisante pour modifier les pratiques d'orientation (Inspections générales)
Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 22 décembre 2014.
"L'utilisation de la locution 'dernier mot aux parents' n’est pas appropriée (...) Elle porte l’idée polémique d’un affrontement presque systématique entre les parents et les équipes éducatives." C'est l'une des conclusions du "rapport d'étape", des deux inspections générales de l'Education nationale sur cette expérimentation. Il date du mois de septembre, mais il vient d'être publié sur le site du ministère.
Premier constat, "l’existence ou non, d’une réelle animation de bassin dans les académies influe sur la mise en œuvre et le pilotage de l’expérimentation" qui a varié selon les contextes. C'est ainsi que dans l'académie de Clermont-Ferrand, le groupe de pilotage comprend "des représentants des fédérations de parents d’élèves, de la DRJSCS (direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale) et des associations complémentaires [de l'Ecole publique]".
Un partenariat éducatif avec les parents
Deuxième constat, les établissements expérimentateurs se sont approprié le projet à d'autres fins que celles qui étaient annoncées : "dans un collège réseau d’éducation prioritaire (REP) de l’académie de Toulouse, qui accueille une forte proportion d’élèves issus (...) de la communauté des gens du voyage, l’expérimentation a été davantage considérée comme un moyen favorisant un partenariat éducatif avec les parents (...) La restauration de la confiance dans le collège prime sur les autres objectifs". Ailleurs, c'est l'occasion de "nouer des contacts avec le lycée" ou d' "amener les élèves à avoir une connaissance plus précise des contenus de formation, des exigences scolaires et des devenirs possibles".
Mais, et c'est l'un des points cruciaux relevés par la mission, les familles confondent "décision d’orientation et affectation" et "cette confusion est potentiellement source de malentendus". Les difficultés en effet ne portent pas sur les désaccords entre conseil de classe et parents, mais sur l'évolution des voeux. "Dans un tiers des établissements on observe une augmentation importante en proportion des intentions d’orientation vers la seconde générale et technologique (...) dans d’autres collèges on constate une baisse importante des intentions d’orientation vers la voie générale et technologique au profit soit de la voie professionnelle soit du redoublement."
Absence de réflexion sur le niveau
L'expérimentation n'a pas non plus modifié les procédures d'orientation, qui restent fondées sur les notes et la moyenne :"La mission n’a pas observé la moindre réflexion conduite par les équipes éducatives sur ce que signifie le niveau (...). Par ailleurs, le lien entre les notes et le projet de l’élève est faiblement interrogé." Les inspecteurs généraux notent pourtant "une évolution du regard sur les parents et une prise de conscience de la nécessité de participer à la connaissance du devenir des élèves à l’issue du collège".
Le rapport est téléchargeable ici