Le CNESCO fournit une étude internationale comparative de l'évaluation des élèves par les enseignants
Paru dans Scolaire le lundi 08 décembre 2014.
En Suède, "les classements d'élèves dans la classe sont interdits par la loi", mais en Suisse, le canton de Genève qui avait supprimé les notes les a rétablies à la demande de parents et d'enseignants, indique le CNESCO qui se demande s'il y a "une exception française en matière d'évaluation des élèves". Le Conseil national d'évaluation du système éducatif a mené un travail de comparaison internationale des pratiques en la matière, qu'il publie ce 9 décembre. Il en ressort que, "depuis plus de 30 ans", dans les pays de l'OCDE, "le développement de nouvelles normes", comme le socle commun en France, "a progressivement encadré l'activité évaluative des enseignants". Certains pays ont supprimé les notes, le plus souvent au primaire. C'est le cas des pays nordiques, mais le Danemark impose aux enseignants "la rédaction d'un programme individuel de l'élève", où il consigne ses forces et ses faiblesses, et où il définit "les objectifs pédagogiques que l'élève doit atteindre" en même temps que les moyens que lui-même mettra en oeuvre pour l'y aider.
Quant aux échelles de notes, elles sont très diverses. Dans les lycées danois, elle va de -2 à +12. Au Québec les élèves sont évalués sur 100. "Plus l'échelle de notation est étendue, plus la notation est précise et traduit souvent une vision élitiste du système scolaire", ajoute le CNESCO qui souligne que "certaines innovations, comme l'auto-évaluation et la constitution de portfolios" ont pénétré les classes. En Angleterre, 70 % des enseignants de collège demandent à leurs élèves de s'auto-évaluer "souvent", contre 20 % en France.
"En France, la proportion d'enseignants du collège déclarant un besoin important en formation continue en matière de pratiques d'évaluation des élèves est légèrement au dessus de la moyenne des pays de TALIS", alors qu'il est faible en Angleterre, en Finlande ou en Australie : "le développement dans ces pays d'une politique nationale centrée sur l'évaluation dans la classe n'est certainement pas étranger à ce résultat."
Ce rapport, comme l'a précisé Nathalie Mons, présidente du CNESCO, à la presse ce mardi 9 décembre, est une contribution à la Conférence de consensus sur l'évaluation des élèves qui va se tenir les 11 et 12 du mois. 550 établissements ont fait remonter 2 000 questions. La France "n'est pas ce village gaulois qui passerait à côté du raz de marée international des réformes en éducation". Toutefois, tempère-t-elle, elle "hésite entre deux modèles", "l'un fondé sur la liberté pédagogique dans la classe et la prescription de contenus (...) l'autre superposant de nouveaux ingrédients avec le modèle ancien, comme des strates sédimentées - le socle commun de connaissances, de compétence et de culture, les expérimentations des écoles sans notes...". C'est cet assemblage qu'il s'agit de mettre en cohérence.