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Numérique : Et si l'Afrique montrait le chemin ?

Paru dans Scolaire le jeudi 04 décembre 2014.

"En Afrique, le bon sens a repris le dessus, après quelques années où les offres d'équipement ont été présentées comme la panacée. Des tableaux numériques interactifs, des tablettes, des outils magiques allaient résoudre tous les problèmes... Il n'en est rien, l’entrée par la technologie et les équipements est inopérante, et souvent source de gâchis à plusieurs titres." C'est la représentante en France d'APRELIA qui le dit à ToutEduc. L'Association pour la promotion des ressources éducatives libres africaine est évidemment très favorable au développement du numérique conçu comme un moyen de soutenir le développement de l'enseignement, mais elle ne cache pas sa défiance à l'égard des solutions toutes faites. Les "copier/coller" de ressources et les logiciels offerts ou vendus par les pays du "Nord" ont fait la preuve de leur inefficacité. "L'Afrique doit disposer de ressources endogènes, adaptées aux contextes, aux besoins, aux curricula et à la vision nationale du développement durable de l’éducation et aux programmes de chacun des pays."

La disponibilité de telles ressources constitue de fait un facteur-clé et un défi à relever urgemment. C'est ainsi qu'APRELIA collabore, par exemple, avec Sésamaths et avec un réseau d'éditeurs de huit pays d'Afrique de l'Ouest. Mais il ne s'agit pas d'importer les manuels élaborés en France. Leurs auteurs ont apporté leur expertise, et tous les cours ont été bâtis en fonction de chacun des systèmes scolaires, avec leurs programmes et leurs spécificités, et quand certains exercices ont été repris, ils ont été adaptés à l'environnement culturel des enfants.

Un programme panafricain de recherche

Plus globalement, l'Afrique a tiré parti de la recherche internationale et des travaux du programme panafricain d’intégration pédagogique des TIC, conjointement mené par le CRDI (Centre de recherches pour le développement international, canadien) et le ROCARE (réseau ouest et centre africain de recherche en éducation) et du rapport de 2009 sur l'intégration des TIC en Afrique (ici), qui décrivait un système éducatif incapable de prendre en compte les mutations de la société, alors que 95 % des lycéens fréquentaient les cybercafés. Il s'agit d'accompagner les enseignants, de leur permettre d'adopter de "nouvelles postures" pour "mettre l'élève en activité" et favoriser des "pédagogies collaboratives". L'informatique n'est alors qu'un outil et l'idéal est de disposer d'une tablette ou d'un ordinateur pour trois élèves. S'ils sont plus de trois, le groupe a tendance à se disperser mais si le nombre des points d'accès aux ressources numériques est égal au nombre des élèves, il est difficile de mener des pédagogies actives collaboratives.

Cela pose évidemment la question de la formation des enseignants et de l'utilisation de ressources comme celles de TESSA (Teacher Education in Sub Saharan Africa), une association internationale de recherche et de développement de modules à l’intention des enseignants. Les ressources produites ont été mises à profit dans les e-jumelages éducatifs développés par APRELIA, à partir du Sénégal; ces e-jumelages permettent à des classes distantes d’échanger et collaborer en menant des activités pédagogiques et éducatives communes, en français ou en anglais.

L'Afrique avance vite, elle a renoncé aux fantasmes

Au Sénégal, qui a été l'un des premiers pays d'Afrique de l'Ouest à s'engager dans les TIC, "toutes les formations d'enseignants du secondaire sont numériques depuis 2009", grâce à la plate-forme Moodle de formation à distance de la FASTEF (ex-ENS), la faculté des sciences et techniques de l'éducation et de la formation, avec des centres régionaux comme relais. "C'est un modèle dont la France pourrait s'inspirer", ajoute la représentante d'APRELIA pour qui "l'Afrique avance d'autant plus vite qu'elle a renoncé aux fantasmes sur le numérique". De plus, "elle a compris l’intérêt de mettre en place des coopérations Sud-Sud, notamment avec des pays asiatiques qui ont été confrontés à des défis analogues et ont su tirer leur épingle du jeu". C’est ainsi que le programme pluri-annuel innovant PAQEAS (programme d’amélioration de la qualité des enseignements-apprentissages par les sciences), porté par le groupe scolaire sénégalais GSTS BAAL, est soutenu par la coopération sud-coréenne, APRELIA et TESSA en étant les partenaires stratégiques. Son 1er atelier, qui visait à renforcer les capacités des enseignants à mener des pédagogies actives collaboratives en utilisant des REL (ressources éducatives libres) africaines vient de se tenir et sera suivi par un second atelier pour former les équipes aux e-jumelages éducatifs.

Les e-jumelages APRELIA ici, TESSA, ici, la FASTEF ici, PANAF ici

 

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