L'attachement à la notation ne témoigne pas d'une forme de "résistance au changement" (le CEREQ à propos de l'enseignement professionnel)
Paru dans Scolaire le mardi 02 décembre 2014.
Les enseignants "sont très attentifs aux candidats" estime le CEREQ à propos de leur travail d'évaluation pour le bac professionnel, travail qui se situe "au-delà de la réglementation". En effet, "ils les observent, regardent comment ils s’y prennent, identifient le caractère hésitant ou assuré de leurs gestes", des facteurs qui jouent au moment de mettre une note. Les enseignants de plus interviennent en cours d'épreuve et les interactions sont plus importantes lorsqu'ils ne connaissent pas les candidats. Les élèves en effet "ont souvent tendance à persister dans l’erreur ou bien à rester bloqués sur un point. S'ils sont aidés, la plupart parviennent à la fin de l’épreuve."
Dans les épreuves pratiques, les candidats sont surtout jugés sur la manière dont ils procèdent. Les évaluateurs attendent d'eux une démarche et une compréhension des systèmes, "voire une connaissance des phénomènes physiques sous-jacents" et "le résultat importe moins que le chemin emprunté pour y parvenir". Donc, l'évaluation n'est pas fondée "exactement" sur ce qui figure dans les grilles prévues pour juger des compétences des élèves : "les référentiels ne fournissent donc qu’un cadre global et somme toute imprécis de ce sur quoi les évaluateurs doivent porter leur attention."
"Les enseignants contournent la grille officielle"
Et d'ailleurs, "le plus souvent, les enseignants contournent la grille officielle". Alors que "la note est censée résulter de la somme des compétences notées comme acquises", les enseignants déterminent une note globale, "puis ils renseignent la grille officielle de sorte à obtenir cette note". Cette note est "le produit d’un jugement qui synthétise d’autres éléments qu’une prestation à un instant t" car elle intègre "des éléments périphériques", notamment "les efforts fournis ou non tout au long de l’année".
Pour le CEREQ donc, "la prise de distance des enseignants vis-à-vis des objectifs affichés dans le référentiel peut difficilement être interprétée comme une forme de 'résistance au changement', un refus délibéré de s’inscrire dans une approche par compétences" et leurs pratiques "ne sauraient donc être modifiées par un surcroît de règlementation et de contraintes".
Dans ce "Bref", les auteurs, Josiane Paddeu et Patrick Veneau, ne se prononcent pas pour ou contre le CCF (contrôle en cours de formation) vs les épreuves ponctuelles, avec des enseignants qui ne connaissent pas les élèves : "si l’activité d’évaluation est subjective, elle n’est pas pour autant inéquitable, même en CCF, dans la mesure où elle convoque un ensemble d’éléments afférents à la situation et ne repose pas uniquement sur la prestation du candidat."
Le bref "Au-delà de la réglementation, le travail d'évaluation des enseignants de bac professionnel" est téléchargeable ici