"Les enfants plongés trop vite dans la culture des écrans n’ont pas acquis le recul suffisant pour en faire un bon usage" (S.Tisseron)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 18 novembre 2014.
Mots clés : numérique, livre, pédagogie de projet
"L’avenir appartient aux enfants qui seront à l’aise à la fois avec la pensée visio-spatiale des écrans et avec la pensée narrative du livre", commente Serge Tisseron, psychanalyste et chercheur à l’Université Paris-VI à l’occasion de la conférence de Madmagz "Numérique et pédagogie de projet : osons innover !".
L’entrée du numérique dans la sphère éducative engendre une révolution dans la relation aux savoirs et aux apprentissages, poursuit-il, de même que dans le fonctionnement psychique et dans le rapport aux autres. Il faut donc parvenir à "articuler le livre et l’écran sachant que chacun des deux véhicule une idéologie sous-jacente, un certain type de relation à soi-même". L’écran favoriserait, par exemple, la dispersion et le manque de recul mais renforcerait la capacité des élèves à faire face à l’imprévisible, tandis que le livre pourrait inhiber la créativité mais aiderait à s’approprier sa propre histoire.
Pour y parvenir, plusieurs solutions : pratiquer la classe inversée, favoriser le tutorat, encourager le travail en équipe, encourager la fabrication d’objets multimédias associant textes et images fixes ou animées, favoriser le passage du visuel au narratif et inversement. Introduire les écrans au collège est également suffisant, rappelle le psychologue : avoir acquis dans un premier temps les repères de la culture du livre permet de mieux profiter de celle des écrans, tandis qu’avoir acquis le goût du travail collaboratif aide à faire de l’ordinateur un facteur d’ouverture vers les autres plutôt que d’enfermement.
La conférence a également été l’occasion de présenter la plateforme européenne eTwinning proposée dans le cadre du programme "Erasmus + 2014-2020", qui permet aux enseignants et aux élèves de mener des projets numériques collaboratifs avec des classes d’autres États membres de l’Union européenne.
Des membres de l’association d’enseignants Transapi ont enfin présenté Transimooc qui utilise le numérique pour lutter contre le décrochage scolaire et aide à la conception de MOOC (Massive Open Online Courses) "par et pour les jeunes". "Le numérique donne la possibilité de casser la structure classe et de positionner les jeunes en tant qu’acteurs et non plus consommateurs", commente une enseignante en mathématiques. "C’est un succès. À chaque fois qu’on a fait deux séances, on a eu plus d’élèves à la seconde qu’à la première", ajoute-t-elle.
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Louise Ferry